5:1 Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après qu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui.
5:2 Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit:
Dans le chapitre 5 de Matthieu, Jésus présente les Béatitudes comme des enseignements fondamentaux pour vivre véritablement heureux et en paix. Voici un aperçu des principales caractéristiques de ces enseignements :
Enseignements des Béatitudes
1. Humilité : Jésus commence par dire “Heureux les pauvres en esprit”, ce qui fait référence à ceux qui reconnaissent leur dépendance envers Dieu. Cette humilité est le premier pas vers le bonheur et la possession du royaume des cieux.
2. Pardon et Miséricorde : Les “miséricordieux” sont bénis, car ils recevront miséricorde. Cela souligne l’importance de la compassion et du pardon envers autrui, en reconnaissant que nous avons tous besoin de grâce.
3. Générosité : Les enseignements incluent également l’idée de donner sans attendre en retour. Cela se manifeste dans des actions comme le partage avec ceux qui en ont besoin, illustrant une attitude généreuse envers les autres.
4. Justice : Ceux qui ont “faim et soif de la justice” sont déclarés bienheureux. Cela montre l’importance de rechercher une vie juste et équitable, tant pour soi-même que pour les autres.
5. Paix : Les “faiseurs de paix” sont appelés fils de Dieu, soulignant le rôle crucial de la paix et de la réconciliation dans les relations humaines.
Ces enseignements forment un guide pour mener une vie en accord avec les valeurs du royaume de Dieu. Ils mettent en avant un chemin vers le bonheur qui s’oppose souvent aux valeurs du monde, encourageant une vie de service, d’humilité, et d’amour envers les autres. En vivant selon ces principes, les croyants peuvent expérimenter une paix profonde et durable, tant dans leur relation avec Dieu que dans leurs relations avec les autres.
Les Béatitudes
5:3 Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!
Humilité : Être pauvre en esprit signifie reconnaître sa propre faiblesse et sa besoin de Dieu. C’est une attitude d’humilité, où une personne comprend qu’elle ne peut pas tout faire par elle-même et qu’elle a besoin de la grâce divine.
Non-orgueil : Cela implique aussi de ne pas se considérer comme supérieur aux autres ou d’avoir une confiance excessive en ses propres capacités ou réalisations. Au lieu de cela, on admet que tout ce que l’on a vient de Dieu.
Opposition à l’orgueil
Les “pauvres en esprit” sont souvent ceux qui rejettent l’orgueil et la vanité. Ils ne cherchent pas à se vanter de leurs connaissances, de leur sagesse ou de leurs accomplissements.
Définition orgueil et vanité
L’orgueil
est une estimation excessive de soi-même et de ses propres mérites. C’est le sentiment d’être supérieur aux autres ou d’avoir des droits particuliers en raison de ses accomplissements, de son statut, de sa richesse, de ses compétences.
Sentiment de Supériorité : Les personnes orgueilleuses peuvent penser qu’elles sont meilleures que les autres, que ce soit sur le plan intellectuel, moral, social ou spirituel.
Arrogance : L’orgueil peut se manifester par une attitude arrogante, où l’on méprise ou dévalorise les autres.
Résistance à la critique : Les personnes fières ont souvent du mal à accepter les critiques ou à reconnaître leurs erreurs.
Difficulté à demander de l’aide : L’orgueil peut rendre une personne réticente à demander de l’aide, car cela pourrait être perçu comme une faiblesse.
Vanité
La vanité est souvent définie comme une préoccupation excessive pour son apparence, son image ou l’opinion des autres. Cela inclut le désir d’être admiré, loué ou reconnu pour ses qualités extérieures ou ses réussites.
Jésus enseigne que le véritable bonheur et le royaume de Dieu appartiennent à ceux qui adoptent cette attitude d humilité
Reconnaissance de ses limites : Les personnes pauvres en esprit comprennent qu’elles ont des limites et qu’elles dépendent de la sagesse et de la force de Dieu.
Ouverture à Dieu : Cette attitude ouvre également la porte à une relation plus profonde avec Dieu, car cela implique une disposition à recevoir son enseignement et sa grâce.
Ainsi, être “pauvre en esprit” ne signifie pas être idiot ou incapable, mais plutôt être humble, reconnaissant sa dépendance à Dieu et ouvrant son cœur à sa guidance. C’est une attitude valorisée dans le christianisme, car elle permet de recevoir la grâce de Dieu et d’expérimenter le véritable bonheur, qui est le royaume des cieux.
En déclarant que “le royaume des cieux est à eux”, Jésus souligne que ceux qui se reconnaissent comme ayant besoin de Dieu et qui font preuve d’humilité sont ceux qui seront accueillis dans son royaume. Cette béatitude montre que Dieu privilégie les cœurs humbles et ouverts.
5:4 Heureux les affligés, car ils seront consolés!
Le terme “affligés” vient du verbe “affliger”, qui signifie littéralement être touché par la douleur, le chagrin ou la souffrance, qu’elle soit physique, émotionnelle ou spirituelle. Dans le contexte de la béatitude, les affligés désignent les personnes qui sont accablées par des épreuves ou des situations difficiles, que ce soit à cause de la perte d’un être cher, d’une injustice, d’une déception, ou encore d’une souffrance morale ou spirituelle. Cela peut inclure :
La tristesse liée au deuil ou à la perte.
La souffrance due à la maladie ou à l’injustice.
Le poids du péché ou de la culpabilité dans un cadre spirituel.
Les affligés sont donc ceux qui sont dans une situation de profonde vulnérabilité ou de détresse.
Consolés : Comment et par qui ?
La consolation vient directement de Dieu. Les affligés sont invités à se tourner vers Lui, et à travers leur foi, ils recevront du réconfort.
Cette consolation peut se manifester par :
La paix intérieure : Même au milieu de la souffrance, il est possible de ressentir une paix profonde qui dépasse la compréhension humaine, en sachant que Dieu est présent dans la souffrance.
Le pardon et la rédemption : Pour ceux qui sont affligés par leur propre culpabilité ou leurs fautes, la consolation peut venir par la grâce du pardon divin.
En résumé, les affligés sont ceux qui traversent des moments de profonde souffrance, mais la promesse de cette béatitude est qu’ils trouveront du réconfort, que ce soit par l’intervention divine, la solidarité des autres ou une guérison intérieure. Ce réconfort les conduit à une forme de bonheur spirituel, basée sur l’espérance et la foi.
5:5 Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre!
Le mot “débonnaire” est une ancienne forme de langage qui désigne une personne douce, humble et patiente. Dans la plupart des traductions modernes, ce terme est souvent remplacé par “les doux”. Les débonnaires sont caractérisés par une attitude calme, paisible, et pleine de maîtrise de soi, même face à des situations difficiles.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la douceur (ou la débonnaireté) n’est pas de la faiblesse. Au contraire, elle implique une force intérieure qui permet de maîtriser ses réactions face à l’adversité. Voici quelques caractéristiques des débonnaires :
• Humilité : Les débonnaires ne cherchent pas à se mettre en avant ou à imposer leur volonté par la force. Ils sont modestes et conscients de leurs propres limites, mais cela ne signifie pas qu’ils manquent de conviction.
• Maîtrise de soi : Ils ont la capacité de contrôler leurs émotions, même face à des provocations, et choisissent la voie de la paix et de la réconciliation plutôt que celle de la violence ou de la vengeance.
• Patience : Ils savent attendre avec calme et persévérance, sans se laisser entraîner par la colère ou l’impatience.
• Bienveillance : Ils traitent les autres avec respect et gentillesse, même ceux qui leur nuisent.
“Ils hériteront la terre” : Que signifie cette promesse ?
La promesse que les débonnaires “hériteront la terre” est également paradoxale, car dans la plupart des cultures, ceux qui dominent ou qui exercent la force sont ceux qui s’approprient les terres ou le pouvoir. Jésus, en disant que ce sont les doux qui hériteront la terre, renverse cette logique.
Dans un sens plus spirituel, “hériter la terre” renvoie à la promesse d’une récompense dans le Royaume de Dieu. Il ne s’agit pas simplement de recevoir une part de la terre physique, mais de participer à la bénédiction éternelle que Dieu réserve à ceux qui suivent ses enseignements. Dans ce contexte :
“La terre” pourrait symboliser le nouveau ciel et la nouvelle terre, évoqués dans le livre de l’Apocalypse (Apocalypse 21), où Dieu promet une nouvelle création pour les justes.
Hériter la terre pourrait aussi représenter la plénitude de la vie dans le Royaume de Dieu, une vie bénie, en paix et en communion avec Dieu.
Pourquoi “heureux” les débonnaires ?
Cette Béatitude affirme que ceux qui adoptent une attitude de douceur, malgré les pressions et les défis, sont véritablement “heureux” ou bénis. Cela peut sembler contre-intuitif dans un monde qui valorise souvent la force, le succès visible, et le contrôle. Voici pourquoi les débonnaires peuvent être considérés comme heureux :
• La paix intérieure : Les débonnaires sont libres de l’amertume, de la colère ou du désir de vengeance, ce qui leur permet de vivre avec une paix intérieure, même dans des circonstances difficiles.
• L’amour de Dieu : Ils sont en harmonie avec les enseignements de Dieu, qui valorise la douceur, la compassion et l’humilité. Leur bonheur vient du fait qu’ils vivent selon la volonté divine.
• L’espérance d’une récompense future : Ils sont heureux car ils ont la promesse qu’ils hériteront la terre, c’est-à-dire qu’ils seront bénis, non seulement dans cette vie, mais aussi dans le Royaume à venir.
La Béatitude “Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre” nous enseigne que la vraie force n’est pas dans la domination ou la violence, mais dans la douceur, l’humilité et la patience. Les débonnaires ne cherchent pas à s’imposer ou à se battre pour obtenir ce qu’ils désirent, mais ils font confiance à Dieu pour recevoir ce qui leur revient. La promesse d’hériter la terre est à la fois une bénédiction présente (la paix intérieure, la vie en harmonie avec les autres) et une espérance future (la participation au Royaume de Dieu). C’est une vision du bonheur fondée sur une foi profonde et un engagement à suivre une voie de paix.
5:6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!
L’idée principale est que ceux qui aspirent sincèrement à la justice, c’est-à-dire à ce qui est droit et juste aux yeux de Dieu, seront comblés.
La “faim” dans ce verset va au-delà du simple besoin physique de nourriture. Ici, elle symbolise un besoin intense et profond, presque viscéral, d’obtenir quelque chose de vital pour l’âme. C’est une faim spirituelle qui reflète un désir pressant de ce qui est juste et bon. Comme une personne affamée cherche désespérément de la nourriture pour survivre, celui qui a “faim” dans ce contexte cherche ardemment la justice, une vie conforme aux valeurs de Dieu, et la vérité. Ce désir est un signe de sensibilité à l’égard de ce qui est moralement et spirituellement juste.
La “soif de justice” accompagne cette faim, et elle aussi dépasse la dimension purement physique. Ici, la justice ne se limite pas au respect des lois humaines, mais elle désigne la droiture devant Dieu, c’est-à-dire une vie alignée sur ses principes. Cela inclut :
La “soif” de justice souligne une insatisfaction avec l’état actuel du monde, un désir profond de voir la droiture divine prévaloir. C’est une aspiration à vivre et à voir les autres vivre dans une relation juste avec Dieu et avec les autres.
Le terme “rassasiés” évoque l’idée d’être comblé, satisfait au-delà des attentes. Ceux qui ont faim et soif de justice sont promis à une satisfaction qui vient de Dieu lui-même. Cela ne signifie pas nécessairement que toutes les injustices du monde seront immédiatement corrigées, mais que ceux qui poursuivent la justice avec un cœur sincère trouveront un accomplissement spirituel et moral.
En somme, être “rassasié” signifie être rempli par la justice de Dieu, que ce soit intérieurement dans la vie présente, ou pleinement dans l’accomplissement du royaume de Dieu, où toute injustice sera réparée. Ceux qui désirent ardemment la justice seront satisfaits non par des efforts humains, mais par la grâce et l’intervention divine.
5:7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde!
Être miséricordieux signifie avoir un cœur rempli de compassion, de pardon, et de bienveillance envers ceux qui sont dans le besoin ou qui ont commis des erreurs. La miséricorde est l’attitude qui pousse à ne pas rendre le mal pour le mal, mais plutôt à offrir le pardon et à se montrer compatissant envers ceux qui souffrent ou qui sont vulnérables. Dans la tradition chrétienne, cela va au-delà du simple fait d’éviter de punir les autres ; il s’agit d’agir activement avec amour et pitié envers les autres, même si ces personnes ont fauté ou ne “méritent” pas nécessairement cette bienveillance.
• Pardonner : Ne pas tenir rancune ou exiger réparation pour les torts subis.
• Aider les démunis : Montrer de l’empathie et agir concrètement pour soulager la souffrance des autres.
• Montrer de la compassion : Ressentir la douleur des autres et chercher à les consoler ou à alléger leur fardeau.
Dans ce contexte, les miséricordieux imitent Dieu, qui est la source de toute miséricorde, en étant indulgents et généreux dans leur comportement envers autrui.
Ils obtiendront miséricorde
La seconde partie de la Béatitude, “car ils obtiendront miséricorde”, exprime la réciprocité divine : ceux qui montrent de la miséricorde aux autres recevront à leur tour la miséricorde de Dieu. Cette promesse souligne que la miséricorde est une qualité essentielle dans la relation entre l’homme et Dieu, et entre les hommes eux-mêmes.
En résumé, les miséricordieux sont ceux qui vivent selon un principe de pardon et de compassion active, et ils sont bénis par la promesse que Dieu, dans son amour, leur rendra cette miséricorde lorsqu’ils en auront eux-mêmes besoin.
5:8 Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu!
Le « cœur pur » désigne un cœur qui n’est pas divisé, qui est entièrement consacré à Dieu. C’est un cœur sincère, intègre, sans hypocrisie ni duplicité, où les pensées, les intentions et les désirs sont alignés avec la volonté de Dieu. Avoir un cœur pur signifie rechercher Dieu de tout son être, sans se laisser corrompre par les mauvaises intentions, l’orgueil ou les tentations du monde.
Pureté intérieure : Il ne s’agit pas seulement d’une pureté morale (éviter le péché), mais aussi d’une pureté de motivation. Une personne au cœur pur recherche Dieu avec une intention désintéressée, sans être motivée par des gains personnels ou des intérêts cachés.
Simplicité d’intention : Avoir un cœur pur, c’est chercher Dieu de manière simple et directe, sans distraction, ni agenda caché. C’est vouloir vivre dans la vérité et la lumière, loin des compromis ou des masques.
Cependant, le message de cette Béatitude n’est pas une condamnation de l’imperfection humaine, mais une promesse et un appel à chercher la pureté par la grâce de Dieu. Bien que nous ne puissions pas, de notre propre force, atteindre la perfection ou la pureté absolue, la foi chrétienne enseigne que c’est Dieu qui purifie les cœurs.
La purification par le Christ : Par la foi en Jésus, les croyants sont purifiés de leurs péchés. Jésus lui-même est le chemin vers un cœur purifié (Psaume 51:12 : « O Dieu, crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé »). C’est par la repentance, le pardon, et la transformation intérieure que les croyants peuvent s’approcher de cette pureté.
L’œuvre du Saint-Esprit : Les chrétiens croient que le Saint-Esprit agit dans le cœur des croyants pour les purifier, les sanctifier, et les rendre de plus en plus conformes à la volonté de Dieu. C’est un processus de transformation spirituelle, un cheminement vers la sainteté.
La promesse « car ils verront Dieu » indique que ceux qui ont un cœur purifié auront une relation intime avec Dieu, non seulement dans cette vie, mais aussi dans l’éternité. Voir Dieu, dans ce contexte, ne signifie pas seulement une vision physique, mais aussi une communion profonde avec Lui. C’est l’expérience ultime de la présence de Dieu, où aucune barrière de péché ou d’imperfection ne subsiste.
Ainsi, bien que Jésus soit l’exemple parfait du cœur pur, cette Béatitude invite chacun à aspirer à cette pureté de cœur. Elle est un rappel que, par la grâce et l’amour de Dieu, nous pouvons, malgré nos imperfections, être purifiés et rapprochés de Lui. C’est un appel à la sincérité, à l’intégrité spirituelle et à une vie dédiée à la recherche de Dieu.
5:9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu!
« Procurent la paix » :
Cette expression se réfère à ceux qui sont faiseurs de paix, c’est-à-dire ceux qui s’efforcent de rétablir l’harmonie et la réconciliation, que ce soit dans les relations humaines, dans la société, ou avec Dieu. « Procurer la paix » va au-delà du fait de simplement éviter les conflits ; cela implique un engagement actif pour créer des conditions favorables à la paix, à l’entente et à la justice. Cela peut signifier apaiser les tensions, guérir les divisions, promouvoir l’amour et la compréhension entre les individus ou les nations.
« Appelés fils de Dieu » :
Dans le contexte biblique, être appelé « fils de Dieu » signifie avoir une relation spéciale avec Dieu, marquée par une ressemblance spirituelle avec Lui. Dieu est vu comme l’ultime artisan de la paix, et ceux qui procurent la paix partagent donc une des qualités essentielles de Dieu. En d’autres termes, ceux qui œuvrent pour la paix incarnent la volonté divine, et c’est pourquoi ils sont reconnus comme des enfants de Dieu, c’est-à-dire comme faisant partie de Sa famille spirituelle, portant Son image en eux par leurs actions.
Cette béatitude souligne donc l’importance de la paix comme une valeur centrale dans la foi chrétienne et la reconnaissance spirituelle que cela entraîne.
5:10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux!
« Persécutés pour la justice » :
La « justice » dans ce contexte fait référence à la droiture, à la fidélité à la volonté de Dieu et à l’engagement envers ce qui est moralement juste. Ceux qui sont « persécutés pour la justice » sont donc des personnes qui subissent des souffrances, des pressions ou des oppressions parce qu’elles s’efforcent de vivre selon les principes divins de vérité et d’équité. Ces personnes restent fermes dans leurs convictions et leur engagement malgré les oppositions, les discriminations ou les violences qu’elles peuvent rencontrer.
« Le royaume des cieux est à eux » :
Le « royaume des cieux » fait référence au règne de Dieu, à la promesse d’une vie éternelle et d’une relation intime avec Lui. Dire que « le royaume des cieux est à eux » signifie que ces personnes persécutées reçoivent, en récompense de leur fidélité et de leur courage, l’assurance de faire partie du royaume de Dieu. Cela ne signifie pas uniquement une récompense future après la mort, mais aussi une appartenance présente à ce règne spirituel.
5:11 Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.
1. « Outragera » :
Le terme « outrager » signifie ici insulter, dénigrer ou traiter avec mépris et dérision. Jésus prévient ses disciples qu’ils seront l’objet de moqueries, de paroles blessantes et de discriminations à cause de leur foi en lui. Cet outrage peut prendre la forme d’attaques verbales, d’humiliations publiques ou d’accusations infondées, visant à les ridiculiser ou à les rabaisser.
2. « Persécutera » :
La persécution désigne ici toutes les formes d’oppression, de harcèlement ou de violence exercées contre quelqu’un en raison de sa foi ou de ses convictions. Cela inclut les attaques physiques, l’emprisonnement, l’exclusion sociale ou politique, et parfois même la mort. Jésus met en garde ses disciples que suivre son enseignement peut les exposer à des traitements injustes ou violents de la part de ceux qui rejettent ou s’opposent à ses principes.
3. « Toute sorte de mal » :
Cette expression fait référence aux mensonges, fausses accusations ou calomnies que les disciples peuvent subir. Il s’agit d’être accusé à tort, que ce soit sur des actions ou des intentions, pour discréditer leur personne ou leur message. Jésus prévient que ceux qui le suivent seront probablement victimes de distorsions de la vérité et de fausses accusations de la part de ceux qui s’opposent à son message.
4. « À cause de moi » :
Cette phrase précise que les outrages, persécutions et calomnies sont directement liés à la foi en Jésus et à l’engagement de suivre son enseignement. Les croyants ne sont pas persécutés pour des fautes personnelles ou des injustices commises, mais en raison de leur attachement à Jésus et à ses valeurs. Cela montre que la souffrance qu’ils endurent est une conséquence de leur fidélité à Christ, et non des erreurs morales ou légales de leur part.
5:12 Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
Le terme “allégresse” désigne une joie intense, un état de bonheur profond et durable. Ici, Jésus encourage ses disciples non seulement à être heureux, mais à se réjouir pleinement, même lorsqu’ils sont confrontés à des situations difficiles, comme la persécution. C’est une joie qui va au-delà des circonstances immédiates et physiques. Cette allégresse est liée à une conviction spirituelle et à l’espoir de quelque chose de plus grand que la souffrance présente. En d’autres termes, malgré les épreuves, la joie profonde vient de la foi et de la promesse d’une récompense divine.
La “récompense dans les cieux” fait référence à une promesse divine de bénédictions éternelles après la vie terrestre. Jésus rappelle à ses disciples que les épreuves et les persécutions qu’ils subissent ici-bas ne sont pas vaines. En restant fidèles à Dieu, même au milieu de la souffrance, ils accumulent une récompense spirituelle qui sera manifestée dans l’au-delà. Cette récompense est d’ordre spirituel et éternel, contrairement aux récompenses matérielles et temporaires de cette vie. Dans la tradition chrétienne, cette récompense peut symboliser la paix éternelle, la communion avec Dieu, et le salut de l’âme.
Persécutes les prophètes avant vous :
Dans cette phrase, Jésus établit une comparaison entre ses disciples et les prophètes de l’Ancien Testament (comme Élie, Jérémie, Ésaïe, etc.). Ces prophètes étaient souvent persécutés par les dirigeants et les peuples pour avoir proclamé des messages de vérité et de justice venant de Dieu. En évoquant cela, Jésus rappelle que la persécution des justes et des fidèles n’est pas une nouveauté. Ceux qui choisissent de suivre la volonté divine et de prêcher la justice ont souvent été maltraités ou rejetés par leur propre société. Donc, les disciples doivent voir leur souffrance actuelle comme une continuité de cette longue histoire de fidélité à Dieu malgré l’opposition humaine. Cela permet aux croyants de voir leur souffrance sous un angle plus grand, faisant partie d’un plan divin et d’une tradition prophétique.
5:13 Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes.
Le sel est ici décrit comme un emblème de pureté et de résistance à la corruption. Cette image renforce l’idée que le croyant est appelé à préserver la pureté spirituelle et morale dans un monde souvent marqué par le péché et la dégradation. Le sel, par nature, a une fonction de conservation, empêchant les aliments de se gâter. De la même manière, les disciples sont censés préserver la justice, la vérité et la sainteté dans leur environnement.
Le croyant comme agent de pureté : Les disciples doivent vivre de telle manière qu’ils reflètent la pureté du Christ dans leurs actions et leurs comportements. Par leur présence, ils doivent aider à contrer l’influence du mal, non seulement en eux-mêmes mais aussi autour d’eux.
Effet sur le monde : Non seulement les disciples doivent se préserver de la corruption personnelle, mais ils doivent aussi influencer positivement le monde. Le sel, en entrant en contact avec des substances, en modifie les propriétés, tout comme un croyant, par sa foi, peut modifier positivement la société.
Perte de la Saveur : Une Mise en Garde Spirituelle
Jésus insiste sur le fait que si le sel perd sa saveur, il devient inutile. C’est une image forte pour montrer ce qui arrive au croyant lorsqu’il cesse de vivre en accord avec les principes du Royaume. S’il devient indistinct du monde, s’il se laisse envahir par la corruption, alors il perd son pouvoir spirituel.
La séparation de la corruption : Pour conserver son rôle, le croyant doit rester distinct du péché. Cela ne signifie pas une séparation physique du monde, mais plutôt une distinction morale et spirituelle. S’il se mêle au monde et adopte ses valeurs corrompues, il devient, selon cette image, aussi inutile qu’un sel sans saveur.
Inutilité spirituelle : La mention de sel “foulé aux pieds” symbolise la perte d’influence du croyant lorsque sa vie ne reflète plus les principes divins. Non seulement il n’a plus d’effet sur le monde, mais il devient un objet de mépris, perdant ainsi sa raison d’être.
5:14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée;
5:15 et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
5:16 Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.
1. La lumière comme manifestation de la vie divine
La lumière, dans ce contexte, représente la révélation de la vie de Dieu à travers les disciples de Jésus. La lumière ne peut pas rester cachée, tout comme la vérité et la vie divine en quelqu’un ne peuvent pas être dissimulées. Elle doit briller pour que les autres puissent en bénéficier.
• Briller dans la nuit : Cette expression souligne le contraste entre la lumière et l’obscurité. Le monde, souvent représenté comme plongé dans les ténèbres spirituelles et morales, a besoin de la lumière des croyants pour révéler la vérité de Dieu et guider les âmes perdues. Cette lumière n’est autre que la vie de Dieu manifestée à travers les œuvres des disciples.
• La lumière manifeste tout : Elle expose la vérité, révèle la justice et montre la voie à suivre. C’est pourquoi elle doit être mise en évidence, sur un pied de lampe, c’est-à-dire placée à un endroit où elle peut illuminer au maximum et bénéficier à ceux qui en ont besoin.
2. Le boisseau et les distractions de la vie
L’idée du « boisseau » est intéressante, car elle symbolise ce qui empêche la lumière de briller pleinement. Le boisseau, dans un sens pratique, était une mesure de grain utilisée dans le commerce. Ici, il représente les affaires de la vie quotidienne qui peuvent entraver l’influence spirituelle du croyant.
• Le boisseau comme symbole des distractions terrestres : Les préoccupations matérielles, les ambitions personnelles, ou même les distractions mondaines peuvent limiter la capacité d’un croyant à révéler la lumière de Dieu dans sa vie. Jésus met en garde contre ces distractions qui étouffent la lumière, nous rappelant l’importance de prioriser la vie spirituelle sur les affaires temporelles.
• Ne pas cacher la lumière sous un boisseau : Cacher sa lumière, c’est se conformer aux priorités du monde au point que la vie divine en nous ne soit plus visible. Pour éviter cela, le croyant doit chercher à aligner ses actions avec les priorités du Royaume de Dieu, de sorte que sa lumière continue de luire sans entrave.
3. Les bonnes œuvres comme fruit de la nouvelle nature
Le texte explique que la lumière se manifeste par des « bonnes œuvres », mais pas simplement dans le sens humanitaire ou moral que le monde en donne. Il s’agit ici de fruits spirituels, issus de la nouvelle nature que le croyant reçoit par la foi en Christ.
• Les bonnes œuvres selon Dieu : Contrairement aux œuvres que le monde pourrait qualifier de charitables ou altruistes, ces bonnes œuvres sont le produit de la vie divine. Elles découlent de l’obéissance à Dieu, de la justice et de la vérité. Ce sont des actions que Dieu approuve et qui révèlent Son caractère à travers la vie du croyant.
• Œuvres visibles mais discrètes : Bien que ces œuvres soient visibles, leur but n’est pas de gagner l’admiration personnelle. Elles doivent amener les hommes à glorifier Dieu, non le croyant. Ce qui est essentiel, c’est que les hommes reconnaissent que ces bonnes œuvres proviennent d’une source divine, et ainsi, qu’ils soient incités à glorifier Dieu.
4. L’objectif ultime : glorifier Dieu
Les bonnes œuvres des disciples ne visent pas à exalter l’individu, mais à révéler Dieu. Lorsque les autres voient ces œuvres, ils sont obligés d’en reconnaître l’origine divine. Ce témoignage de lumière amène les hommes à glorifier Dieu, ce qui est l’objectif ultime du témoignage chrétien.
• Reconnaître l’origine divine des œuvres : La lumière divine est telle qu’elle ne peut être confondue avec des actions simplement humaines. Lorsqu’elle brille à travers les disciples, les hommes voient quelque chose de plus grand qu’eux : une œuvre de Dieu. C’est cela qui pousse les autres à glorifier le Père céleste.
• Exemple des premiers chrétiens : Le passage cite les premières communautés chrétiennes (Actes 2:47 et 5:13) où les croyants vivaient si ouvertement et intensément leur foi que leur lumière brillait fortement devant les hommes, conduisant même les non-croyants à reconnaître la présence de Dieu dans leur communauté.
5. La lumière dans le règne de Christ
Le texte fait une projection vers l’avenir, au moment où Christ régnera pleinement (référence à Apocalypse 21:23). Dans ce règne, la lumière de Dieu sera tellement manifeste que Christ sera lui-même le centre de cette lumière, illuminant non seulement le peuple de Dieu mais le monde entier.
• La lumière du Christ comme source ultime : Dans le règne de Christ, la lumière n’aura plus besoin d’être entretenue ou protégée par les disciples, car Christ lui-même sera la lumière éternelle. Tous marcheront dans cette lumière parfaite, sans obscurité ni corruption pour l’atténuer.
Conclusion
Ce passage rappelle aux croyants l’importance de laisser briller leur lumière, c’est-à-dire de manifester la vie de Dieu à travers des œuvres justes et droites. Ces œuvres ne sont pas simplement charitables, mais elles doivent refléter la justice divine et amener les hommes à reconnaître Dieu comme la source de tout bien. Les distractions du monde ne doivent pas entraver cette lumière, car elle est essentielle pour révéler la vérité et guider les âmes. Finalement, tout cela conduit à la glorification de Dieu, qui est le but ultime du témoignage du croyant.
5:17 Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.
Dans le judaïsme, la “Loi” fait référence à la Torah, qui contient les lois données par Dieu à Moïse (les dix commandements et les autres lois rituelles, morales, et civiles), ainsi qu’aux écrits des prophètes qui appelaient souvent le peuple à respecter ces lois. Beaucoup des auditeurs de Jésus étaient des Juifs, très attachés à ces enseignements. Ils auraient donc pu craindre que l’enseignement de Jésus vienne en opposition à la Loi mosaïque ou qu’il propose une rupture radicale.
Explication du passage
1. “Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes”
Ici, Jésus veut dissiper un malentendu potentiel. Il souligne d’emblée qu’il ne vient pas pour détruire ou annuler ce qui est enseigné dans la Loi de Moïse ou dans les paroles des prophètes. Il anticipe une crainte ou une critique de ceux qui pourraient l’accuser de rejeter les traditions juives.
2. “Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir”
Jésus se présente non pas comme un révolutionnaire qui rejetterait l’héritage de la Torah, mais comme quelqu’un qui va porter cet héritage à son accomplissement. Le verbe “accomplir” ici signifie “parfaire” ou “réaliser pleinement”.
• Accomplir la Loi : Cela peut signifier que Jésus est venu pour montrer le sens ultime de la Loi, la compléter ou lui donner une nouvelle profondeur. Par exemple, plus tard dans le Sermon sur la montagne, il approfondit certains commandements. Il évoque notamment le sixième commandement, “Tu ne tueras pas”, en expliquant que la colère et le mépris peuvent être aussi graves que le meurtre lui-même :
“Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; celui qui tuera mérite d’être puni par les juges. Mais moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ; celui qui dira à son frère : Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et celui qui lui dira : Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne” (Matthieu 5:21-22).
Jésus montre ici que le simple fait d’être en colère ou de mépriser une autre personne viole l’esprit de ce commandement, car il s’agit d’une forme de violence intérieure qui s’oppose à l’amour et à la justice de Dieu.
• Accomplir les Prophètes : Les prophètes de l’Ancien Testament avaient souvent annoncé l’avènement d’un Messie qui viendrait sauver le peuple. Jésus se présente ici comme celui qui réalise ces prophéties.
• Pour les chrétiens, ce verset montre que Jésus n’est pas venu pour abroger les lois morales de l’Ancien Testament, mais pour les transcender et les approfondir. Il propose une interprétation plus intérieure et spirituelle des commandements. Par exemple, au lieu de simplement interdire le meurtre, Jésus insiste sur l’importance de maîtriser la colère et de vivre dans l’amour envers autrui. Il remplace ainsi une observance purement externe par une exigence intérieure : il ne suffit pas de suivre la lettre de la Loi, il faut en saisir l’esprit.
• Pour les Juifs de son époque, ce discours peut avoir été à la fois rassurant et déroutant. Rassurant parce que Jésus ne rejetait pas ouvertement la Loi, mais déroutant parce qu’il proposait une compréhension nouvelle et parfois radicale des enseignements juifs traditionnels.
5:18 Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé.
Lorsque Jésus parle de la “loi”, il fait principalement référence à la Loi de Moïse, (l’Ancien Testament)
1. “Tant que le ciel et la terre ne passeront point”
Cette phrase signifie que la Loi divine demeure aussi immuable que l’ordre cosmique lui-même. Le ciel et la terre, souvent considérés comme des symboles de la permanence et de la création entière, indiquent que la Loi est valable pour toute la durée de l’existence du monde tel que nous le connaissons. Jésus affirme ici que la Loi n’aura pas de fin tant que ce monde existera.
2. “Il ne disparaîtra pas de la Loi un seul iota ou un seul trait de lettre”
L’expression “iota” fait référence à la plus petite lettre de l’alphabet grec (ι), et “un trait de lettre” fait allusion à la plus petite partie d’une lettre hébraïque (comme un accent ou un petit détail graphique). Cette image souligne que même les plus petits détails de la Loi sont importants et ne peuvent pas être modifiés ou négligés. Jésus insiste donc sur la précision et l’intégrité de la Loi, jusqu’au moindre signe graphique. Il souligne que rien de la Loi ne sera mis de côté ou négligé avant que tout ne soit accompli.
3. “Jusqu’à ce que tout soit arrivé”
Cela indique un horizon eschatologique, c’est-à-dire un regard vers la fin des temps, où tout ce que Dieu a prévu et prophétisé se réalisera. La Loi ne disparaîtra ou ne s’achèvera qu’une fois que le plan de Dieu pour l’histoire humaine sera pleinement accompli, ce qui inclut la venue du Royaume de Dieu dans sa plénitude. Jésus se réfère donc ici à la réalisation de la rédemption totale du monde, à travers sa propre mission et l’accomplissement de toutes les prophéties bibliques.
5:19 Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.
Jésus parle ici des croyants qui font partie du Royaume, mais il souligne une différence de statut ou de récompense selon leur fidélité à la Loi et leur influence sur les autres :
• Le plus petit dans le Royaume : Ceux qui négligent certains aspects de la Loi ou qui enseignent aux autres à le faire ne seront pas exclus du Royaume, mais ils auront une position moindre. Cela pourrait être interprété comme une perte de récompense spirituelle, de privilèges ou de gloire dans l’au-delà, sans pour autant impliquer leur exclusion.
• Le plus grand dans le Royaume : Ceux qui obéissent fidèlement aux commandements, même les plus petits, et qui les enseignent aux autres seront honorés et auront une position plus élevée dans le Royaume.
5:20 Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux.
Jésus déclare que pour entrer dans le royaume des cieux, il est nécessaire que votre justice dépasse celle des scribes et des pharisiens. Il met en évidence que leur approche de la loi est limitée, car elle se concentre uniquement sur l’observance des règles sans tenir compte de l’esprit de la loi. En d’autres termes, leur connaissance ne saisit pas pleinement l’enseignement de Jésus, qui appelle à une justice plus profonde et à une transformation intérieure, centrée sur l’amour et la compassion.
5:21 Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens: Tu ne tueras point; celui qui tuera mérite d'être puni par les juges.
Dans le contexte de l’Ancien Testament et de la loi de Moïse, le terme “anciens” se réfère souvent à des chefs ou des leaders de la communauté, généralement des hommes respectés pour leur sagesse et leur expérience. Ils avaient un rôle important dans la prise de décisions et la gouvernance des affaires religieuses et civiles du peuple.
Quant à la punition de celui qui tue, cela faisait référence à un système judiciaire dans lequel des juges, souvent des prêtres ou des lévites, avaient la responsabilité d’appliquer la loi et de rendre justice. Ces juges étaient considérés comme des autorités légales et religieuses, semblables à des juges dans les tribunaux modernes, mais ils opéraient dans le cadre de la loi mosaïque et des traditions israélites.
5:22 Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges; que celui qui dira à son frère: Raca! mérite d'être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira: Insensé! mérite d'être puni par le feu de la géhenne.
Jésus, montre comment il interprète et approfondit la loi mosaïque.
L’objectif de Jésus ici est de faire comprendre que la simple obéissance extérieure à cette loi n’est pas suffisante. Il veut aller au-delà des actions visibles et examiner les intentions du cœur.
« Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ; que celui qui dira à son frère : Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne. »
Élargissement de l’interdiction : Jésus va plus loin que l’interdiction du meurtre. Il affirme que la colère injustifiée envers son frère mérite également une punition. Cela montre que la violence commence dans le cœur et dans les pensées, avant de se manifester par des actes.
Colère injustifiée : Jésus parle ici d’une colère non maîtrisée, qui mène à des comportements nuisibles (menaces physique verbale ou physique)
Bien qu’il reconnaisse que la colère soit une émotion humaine normale, il condamne celle qui conduit à la haine ou aux paroles blessantes.
Insultes et mépris :
« Raca » est un terme d’insulte en araméen, signifiant “imbécile” ou “idiot”, montrant un mépris total.
« Insensé », dérivé du grec “moros”, signifie également stupide ou sans valeur.
Jésus souligne que les mots peuvent tuer symboliquement. Les insultes détruisent la dignité d’une personne, ce qui est moralement équivalent à un acte de meurtre.
Le Sanhédrin était le conseil suprême des anciens et des chefs religieux, ayant le pouvoir de juger des cas religieux et civils. Insulter ou mépriser son frère mérite d’être jugé par cette autorité, car cela constitue une violation fondamentale de l’amour et du respect.
La Géhenne, représentant l’enfer, évoque la vallée de Hinnom, associée au jugement divin. Dire « insensé » mérite cette punition, car cela traduit une grave dégradation intérieure.
En résumé, Jésus approfondit la loi en montrant que le meurtre commence dans le cœur, à travers la colère, le mépris ou la haine. Il condamne les sentiments non maîtrisés qui peuvent blesser autrui, même sans violence physique. Il appelle à une justice intérieure, à cultiver l’amour et le respect pour éviter ces formes de violence. La Géhenne représente la punition spirituelle ultime, tandis que le Sanhédrin est la plus haute autorité humaine pour juger les fautes graves d’ordre moral et religieux.
5:23 Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,
5:24 laisse là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; puis, viens présenter ton offrande.
1. Le contexte de l’offrande à l’autel
Dans la tradition juive, les fidèles apportaient des offrandes (souvent des sacrifices d’animaux ou des offrandes de nourriture) à l’autel du Temple de Jérusalem en signe de dévotion à Dieu, pour demander pardon ou pour exprimer leur reconnaissance. L’offrande était un acte de culte important dans la relation entre l’homme et Dieu.
2. “Si donc tu présentes ton offrande à l’autel”
Ici, Jésus commence en évoquant une situation où quelqu’un est en train d’accomplir un acte de piété, c’est-à-dire en train de présenter une offrande à Dieu. C’est un moment sacré qui reflète la communion avec Dieu. Cependant, il introduit un élément perturbateur : le souvenir d’un conflit avec un frère.
3. “Et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi”
Le point crucial est que la personne se souvient, qu’elle a un différend avec son “frère” (terme qui dans ce contexte, peut signifier un membre de sa communauté ou un proche). Il ne s’agit pas nécessairement d’un péché ou d’une offense grave, mais simplement d’une tension ou d’une rancune que l’autre personne peut avoir envers elle. Jésus souligne ainsi que la relation avec les autres est aussi importante que la relation avec Dieu.
4. “Laisse là ton offrande devant l’autel”
Cela peut sembler radical, car laisser une offrande avant de l’avoir présentée était inhabituel dans le culte juif. Mais Jésus montre ici que la réconciliation avec autrui est une priorité absolue. En d’autres termes, une relation brisée avec son prochain empêche de véritablement honorer Dieu, et cela doit être corrigé avant toute démarche spirituelle.
5. “Va d’abord te réconcilier avec ton frère”
La réconciliation est le point central de ce passage. Jésus enseigne que la paix entre les êtres humains est un préalable à la communion avec Dieu. Il ne s’agit pas seulement d’un pardon passif, mais d’une action active visant à restaurer une relation endommagée. C’est un appel à l’humilité, à la responsabilité personnelle et à l’amour fraternel.
6. “Puis, viens présenter ton offrande”
Après s’être réconcilié avec son frère, la personne peut alors revenir et offrir son sacrifice. Cela indique que la relation restaurée permet maintenant une offrande sincère et acceptable à Dieu. Le message est clair : les actes religieux ou rituels perdent de leur sens si le cœur est rempli de conflits non résolus.
Le culte véritable, selon Jésus, exige un cœur pur et en paix, non seulement avec Dieu mais aussi avec les autres. Un cœur rempli de rancune, de haine ou de divisions empêche d’adorer Dieu pleinement et sincèrement. Dans ce sens, le manque de réconciliation bloque la pleine communion avec Dieu.
5:25 Accorde-toi promptement avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu'il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l'officier de justice, et que tu ne sois mis en prison.
Ce verset insiste sur la nécessité de se réconcilier rapidement avec ceux avec qui nous avons des différends, avant que la situation ne s’aggrave. Cela nous invite à faire preuve de pardon et de réconciliation, des éléments essentiels pour une vie de paix, de justice, et de proximité avec Dieu. Lorsque nous pardonnons et cherchons la paix avec les autres, nous reflétons l’amour et la grâce de Dieu, et nous vivons selon ses principes de justice.
Au contraire, des attitudes comme l’orgueil, la rancœur ou la colère nous éloignent de Dieu. Elles bloquent la paix dans nos relations humaines et dans notre cœur, et peuvent entraîner des conséquences graves, non seulement sur le plan personnel mais aussi spirituel. En choisissant de ne pas pardonner ou de laisser des conflits perdurer, nous risquons d’aggraver la situation, parfois de manière irréversible. Jésus nous appelle donc à résoudre les conflits rapidement pour rester en communion avec Dieu et les autres.
En somme, la réconciliation est non seulement un devoir moral mais aussi un chemin vers une relation plus profonde avec Dieu.
5:26 Je te le dis en vérité, tu ne sortiras pas de là que tu n'aies payé le dernier quadrant.
L’idée est que, tant que nous ne faisons pas face à nos dettes ou à nos conflits, nous resterons “en détention” d’une certaine manière, empêchés d’avancer spirituellement. Ce passage illustre l’importance d’une vie en paix avec autrui pour vivre pleinement dans la lumière de Dieu.
5:27 Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras point d'adultère.
5:28 Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur.
Jésus aborde le commandement de l’adultère, qui dans la loi mosaïque est explicitement interdit. Cependant, il élargit la portée de ce commandement en introduisant une nouvelle dimension :
• Le commandement “Tu ne commettras point d’adultère” (Exode 20:14) est une interdiction claire contre les relations sexuelles en dehors du mariage. Dans la tradition juive, l’adultère est un péché grave, souvent puni par la loi.
• Regarder et convoiter : Jésus déclare que quiconque “regarde une femme pour la convoiter” a déjà commis l’adultère dans son cœur. Ce passage souligne que l’adultère n’est pas seulement un acte physique, mais aussi un état d’esprit. En d’autres termes, il aborde le problème à la racine, en parlant des pensées et des désirs qui peuvent précéder l’action.
L’importance des intentions du cœur
• Désir et convoitise : Jésus met l’accent sur l’importance de l’intention. Regarder une personne avec l’intention de la désirer ou de l’envier est considéré comme un adultère spirituel. Cela signifie que la pureté du cœur et des pensées est aussi essentielle que l’absence d’action physique. Cette perspective encourage les croyants à examiner non seulement leurs actions extérieures, mais aussi leurs pensées intérieures.
Conséquences spirituelles
• Rupture de la relation avec Dieu : En convoitant, une personne se distancie de l’authenticité et de la sainteté requises pour une relation avec Dieu. L’adultère, même à un niveau spirituel, crée une barrière dans la communion avec Dieu, car il s’oppose aux principes de pureté et d’amour.
• Jésus appelle ses disciples à être vigilants non seulement dans leurs actions, mais aussi dans leurs pensées. La pureté intérieure est essentielle pour maintenir une vie spirituelle saine. Cela reflète un engagement à vivre selon des standards plus élevés, centrés sur l’amour et le respect des autres.
5:29 Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
5:30 Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n'aille pas dans la géhenne.
Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute” : Jésus souligne que certains éléments de notre vie, même ceux que nous considérons comme précieux (comme notre œil droit), peuvent devenir des sources de tentation ou de péché. Le “œil” symbolise souvent ce que nous regardons ou désirons. Si cela nous conduit à pécher, il vaut mieux s’en séparer.
“Si ta main droite est pour toi une occasion de chute” : De même, la main symbolise nos actions. Si nos actions, motivées par nos désirs, nous éloignent de Dieu, nous devons prendre des mesures drastiques pour éviter de tomber dans le péché.
• “Arrache-le et jette-le loin de toi” : Cette exhortation à “arracher” et “jeter” est une manière de montrer que la lutte contre le péché peut nécessiter des sacrifices et des actions radicales. Jésus n’encourage pas littéralement l’automutilation, mais il utilise une hyperbole (image forte) pour illustrer l’importance de prendre le péché au sérieux.
• “Il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse” : Ce point met en lumière la valeur de la vie spirituelle par rapport à la vie physique. Il vaut mieux renoncer à quelque chose de précieux dans notre vie terrestre plutôt que de risquer une séparation éternelle de Dieu, symbolisée par la “géhenne”, une métaphore pour l’enfer.
• La géhenne est souvent associée à un lieu de jugement et de souffrance. En mentionnant la géhenne, Jésus rappelle que les conséquences du péché peuvent être graves et éternelles. Cela sert d’avertissement puissant sur la nécessité d’une vie en conformité avec les enseignements de Dieu.
5:31 Il a été dit: Que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce.
5:32 Mais moi, je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour cause d'infidélité, l'expose à devenir adultère, et que celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère.
Dans l’Ancien Testament, la loi de Moïse permettait à un homme de divorcer de sa femme en lui remettant une lettre de divorce (Deutéronome 24:1). Cela était souvent interprété de manière permissive, et certains rabbins enseignaient qu’un homme pouvait répudier sa femme pour presque n’importe quelle raison, y compris des motifs futiles.
• “Sauf pour cause d’infidélité” : Jésus reconnaît que l’infidélité conjugale est une raison légitime pour le divorce, mais il souligne que, en dehors de cela, le divorce peut conduire à des conséquences spirituelles graves.
• “L’expose à devenir adultère” : En se remariant après un divorce non justifié, une personne peut se retrouver dans l’adultère, car le premier mariage est toujours considéré comme valide aux yeux de Dieu. Cela signifie que l’engagement initial demeure, et se marier avec quelqu’un d’autre après un divorce (sans motif d’infidélité) constitue une violation de cet engagement.
• L’enseignement de Jésus vise à promouvoir la fidélité dans le mariage et à encourager les couples à travailler sur leurs relations plutôt que de chercher une issue facile par le divorce. Cela met en lumière l’importance de la communication, de la réconciliation et du pardon dans les relations conjugales.
5:33 Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens: Tu ne te parjureras point, mais tu t'acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment.
5:34 Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu;
5:35 ni par la terre, parce que c'est son marchepied; ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand roi.
5:36 Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu.
5:37 Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu'on y ajoute vient du malin.
Jésus dit clairement qu’il ne faut pas jurer du tout, que ce soit par le ciel, la terre, Jérusalem, ou même par sa propre tête. Il prend en exemple des choses que les gens de l’époque avaient l’habitude de prendre à témoin dans leurs serments (comme le ciel ou Jérusalem, considérés comme sacrés). Jésus les met en garde contre ces pratiques. Pourquoi ? Parce que tout appartient à Dieu : le ciel est son trône, la terre est son marchepied, et Jérusalem est la ville du grand roi (c’est-à-dire Dieu).
Ce que Jésus cherche à dire, c’est que la parole d’une personne doit être suffisamment sincère et digne de confiance pour qu’il n’y ait pas besoin d’un serment pour la valider. Un simple “oui” doit signifier “oui”, et un simple “non” doit signifier “non”. Si nous avons besoin de prêter serment pour que nos paroles soient prises au sérieux, cela montre que notre parole, sans serment, n’est pas fiable. Jésus appelle ses disciples à une intégrité totale dans leurs paroles.
Lorsque Jésus dit que “ce qu’on y ajoute vient du malin”, il avertit que tout serment excessif ou inutile, ou les ajouts de promesses superflues, peut ouvrir la porte à l’hypocrisie, la tromperie, ou l’exagération, et donc à des comportements moralement douteux (au malin - satan).
5:38 Vous avez appris qu'il a été dit: oeil pour oeil, et dent pour dent.
5:39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre.
5:40 Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
5:41 Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui.
5:42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.
5:43 Vous avez appris qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.
5:44 Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,
5:45 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
5:46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains aussi n'agissent-ils pas de même?
5:47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les païens aussi n'agissent-ils pas de même?
5:48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.
Jésus. Il nous enseigne que l’amour véritable ne doit pas être conditionné par ce que les autres font pour nous, ni limité à ceux qui nous aiment. Aimer ceux qui nous aiment est facile et naturel, mais le véritable défi et ce qui reflète le caractère de Dieu c’est d’aimer ceux qui nous haïssent ou nous maltraitent. C’est en agissant ainsi que nous devenons comme Dieu, qui montre sa bonté envers tous, sans distinction.
En effet, Dieu fait lever le soleil et fait pleuvoir sur les bons comme sur les mauvais, ce qui signifie que sa bienveillance et son amour sont universels. Jésus nous invite à imiter cette attitude divine en aimant même nos ennemis, bénissant ceux qui nous maudissent, et en priant pour ceux qui nous persécutent. L’objectif est de laisser l’amour régner dans toutes les situations, même les plus difficiles, afin de refléter la perfection et la bonté de Dieu.
Même si cela semble difficile, c’est ce que signifie véritablement suivre l’enseignement de Jésus : vivre dans l’amour inconditionnel, quel que soit le comportement des autres. Avoir le caractère de dieu doit être au centre de notre vie, quelles que soient les circonstances.