22:1 Jésus, prenant la parole, leur parla de nouveau en parabole, et il dit:
22:2 Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils.
22:3 Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces; mais ils ne voulurent pas venir.
22:4 Il envoya encore d'autres serviteurs, en disant: Dites aux conviés: Voici, j'ai préparé mon festin; mes boeufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces.
22:5 Mais, sans s'inquiéter de l'invitation, ils s'en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic;
22:6 et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent.
22:7 Le roi fut irrité; il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville.
22:8 Alors il dit à ses serviteurs: Les noces sont prêtes; mais les conviés n'en étaient pas dignes.
22:9 Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez.
22:10 Ces serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut pleine de convives.
22:11 Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n'avait pas revêtu un habit de noces.
22:12 Il lui dit: Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces? Cet homme eut la bouche fermée.
22:13 Alors le roi dit aux serviteurs: Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
22:14 Car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus.
Cette parabole représente l’invitation universelle de Dieu au salut dans son royaume, et les réactions contrastées des humains face à cette invitation. Dieu appelle tous les hommes (d’abord Israël, puis tous les peuples) à participer au royaume des cieux, souvent figuré par un banquet ou des noces.
Certains refusent l’appel ils représentent ceux qui rejettent Dieu, soit par hostilité (persécuteurs), soit par indifférence (occupés à leurs affaires). Dieu élargit l’appel à tous, sans distinction : bons et méchants c’est l’annonce de l’Évangile à tous les peuples.
Mais entrer ne suffit pas : il faut être transformé intérieurement d’où l’image de l’habit de noces. Celui qui n’en a pas est rejeté : cela symbolise que la grâce doit produire un changement, une vraie conversion.
La conclusion “Beaucoup d’appelés, peu d’élus” souligne que l’invitation est large, mais que seuls ceux qui répondent avec foi et humilité entreront vraiment dans le royaume.
Le roi représente Dieu.
Le fils du roi est Jésus-Christ.
Le festin des noces symbolise le royaume des cieux, ou plus précisément la communion finale avec Dieu (souvent vue comme les noces de l’Agneau dans l’Apocalypse).
Les premiers invités sont les Juifs religieux, notamment les chefs religieux qui, malgré les prophètes (les premiers serviteurs), ont rejeté l’invitation.
Le rejet de l’invitation symbolise l’indifférence ou le refus de croire au message de Jésus.
Les serviteurs outragés et tués représentent les prophètes et les apôtres persécutés.
Le roi en colère qui détruit la ville fait allusion possible à des jugements, comme la destruction de Jérusalem en 70 ap. J.-C.
Ensuite, les carrefours et tous ceux qu’on trouve symbolisent l’ouverture du salut à tous les peuples, juifs comme païens.
L’homme sans habit de noces représente quelqu’un qui veut entrer dans le royaume sans se préparer, sans revêtir la justice, la foi ou la repentance nécessaire. L’habit de noces est souvent compris comme la vie transformée par la grâce.
22:15 Alors les pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de surprendre Jésus par ses propres paroles.
22:16 Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les hérodiens, qui dirent: Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t'inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes.
22:17 Dis-nous donc ce qu'il t'en semble: est-il permis, ou non, de payer le tribut à César?
22:18 Jésus, connaissant leur méchanceté, répondit: Pourquoi me tentez-vous, hypocrites?
22:19 Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier.
22:20 Il leur demanda: De qui sont cette effigie et cette inscription?
22:21 De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
22:22 Étonnés de ce qu'ils entendaient, ils le quittèrent, et s'en allèrent.
Dans l’Évangile selon Matthieu, les pharisiens et les hérodiens cherchent à tendre un piège à Jésus en lui posant une question apparemment politique : « Est-il permis de payer le tribut à César ? » Cette question est hautement piégée, car Jésus risquait, quelle que soit sa réponse, de s’attirer des ennuis : dire « oui » l’aurait fait passer pour un collaborateur de l’occupant romain aux yeux du peuple, tandis que dire « non » aurait permis de l’accuser de rébellion contre Rome.
Les hérodiens, partisans de la dynastie d’Hérode, soutenaient l’autorité romaine qui maintenait leur pouvoir local. Ils étaient opposés aux pharisiens, défenseurs des traditions religieuses juives. Pourtant, malgré leurs divergences, ils s’unissent temporairement contre Jésus, espérant l’embarrasser.
Le tribut à César était une taxe imposée par Rome depuis l’an 6 après J.-C., lors du passage de la Judée au statut de province romaine. Cette taxe rappelait la soumission du peuple juif à une puissance païenne, ce que beaucoup trouvaient insupportable.
Jésus déjoue le piège avec une sagesse divine. Il demande qu’on lui montre une pièce de monnaie, et fait remarquer qu’elle porte l’image de César. Il répond alors : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Par cette réponse, il reconnaît la légitimité de l’autorité politique dans le cadre de l’ordre établi, sans renier la souveraineté absolue de Dieu sur l’homme, créé à son image. Il ne s’agit pas de séparer radicalement les deux domaines, mais de rappeler que Dieu demeure le maître de tout, y compris de ce que l’homme doit lui rendre : sa vie, sa foi, son obéissance.
22:23 Le même jour, les sadducéens, qui disent qu'il n'y a point de résurrection, vinrent auprès de Jésus, et lui firent cette question:
22:24 Maître, Moïse a dit: Si quelqu'un meurt sans enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera une postérité à son frère.
22:25 Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier se maria, et mourut; et, comme il n'avait pas d'enfants, il laissa sa femme à son frère.
22:26 Il en fut de même du second, puis du troisième, jusqu'au septième.
22:27 Après eux tous, la femme mourut aussi.
22:28 A la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme? Car tous l'ont eue.
22:29 Jésus leur répondit: Vous êtes dans l'erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu.
22:30 Car, à la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.
22:31 Pour ce qui est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit:
22:32 Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob? Dieu n'est pas Dieu des morts, mais des vivants.
22:33 La foule, qui écoutait, fut frappée de l'enseignement de Jésus.
Jésus et les sadducéens : une leçon sur la résurrection.
Les sadducéens vient confronter Jésus. Contrairement aux pharisiens, les sadducéens ne croient pas en la résurrection des morts, ni en la vie après la mort. Pour eux, l’existence s’arrête avec la mort physique.
Pour mettre Jésus à l’épreuve, ils lui présentent une situation absurde : une femme a eu successivement sept maris, tous frères, selon la loi de Moïse qui ordonnait à un homme d’épouser la veuve de son frère défunt sans enfant. Ils demandent donc à Jésus : “À la résurrection, duquel des sept sera-t-elle la femme ?”
Jésus leur répond d’une manière qui les dépasse totalement :
Vous êtes dans l’erreur. Il leur dit qu’ils se trompent parce qu’ils ne comprennent ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. Ils essaient de parler des choses éternelles avec une logique terrestre, limitée.
Il n’y aura plus de mariage.
Jésus révèle que dans la résurrection, les relations humaines changent : les hommes et les femmes ne se marieront plus, mais seront comme les anges de Dieu dans le ciel glorifiés, immortels, consacrés à Dieu.
Dieu est le Dieu des vivants.
Pour prouver que la résurrection existe, Jésus cite un passage de l’Ancien Testament : “Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.” Dieu parle de ces patriarches au présent, bien qu’ils soient morts depuis longtemps. Cela prouve qu’ils vivent encore auprès de Dieu. Ainsi, Jésus conclut : “Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.”
Ce passage nous enseigne que :
La résurrection est réelle et fait partie du plan de Dieu.
La vie après la mort est différente : elle est glorieuse, éternelle, et centrée sur Dieu, non sur les structures humaines comme le mariage.
Ceux qui appartiennent à Dieu vivent, même s’ils meurent dans le corps.
Ce jour-là, la foule fut frappée par la sagesse de Jésus. Il avait, en quelques mots, réduit au silence ceux qui niaient la résurrection et ouvert un aperçu sur la vie éternelle, pleine d’espérance pour ceux qui croient.
22:34 Les pharisiens, ayant appris qu'il avait réduit au silence les sadducéens, se rassemblèrent,
22:35 et l'un d'eux, docteur de la loi, lui fit cette question, pour l'éprouver:
22:36 Maître, quel est le plus grand commandement de la loi?
22:37 Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.
22:38 C'est le premier et le plus grand commandement.
22:39 Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
22:40 De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.
Les pharisiens, sûrs de leur connaissance de la loi, cherchent à piéger Jésus en lui posant une question piège :
« Quel est le plus grand commandement ? »
Mais Jésus ne tombe pas dans le piège. Il répond avec une autorité désarmante :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Il montre que l’amour est le fondement même de toute la loi de Dieu. Aimer Dieu pleinement, et aimer les autres comme soi-même : c’est là l’essence du Royaume, l’ADN du cœur de Dieu, la base de tout.
Il montre clairement l’ordre de priorité mais aussi l’indissociabilité des deux :
Aimer Dieu : c’est la source
2. Aimer son prochain : c’est le reflet.
Sans cet amour double vers Dieu et vers l’autre tout le reste (rites, règles, discours religieux…) perd son sens.
Pas d’amour = pas de vraie foi.
Toutes les lois, tous les prophètes, tout l’Ancien Testament reposent sur l’amour.
22:41 Comme les pharisiens étaient assemblés, Jésus les interrogea,
22:42 en disant: Que pensez-vous du Christ? De qui est-il fils? Ils lui répondirent: De David.
22:43 Et Jésus leur dit: Comment donc David, animé par l'Esprit, l'appelle-t-il Seigneur, lorsqu'il dit:
22:44 Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, Jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied?
22:45 Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il son fils?
22:46 Nul ne put lui répondre un mot. Et, depuis ce jour, personne n'osa plus lui proposer des questions.
Jésus pose une question aux pharisiens qui va les réduire au silence. Alors qu’ils étaient rassemblés, il leur demande :
« Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il fils ? »
Ils répondent sans hésiter : « De David. »
C’est une réponse conforme à la tradition juive et aux Écritures : le Messie attendu devait venir de la lignée royale de David. Le roi David lui-même avait reçu la promesse que l’un de ses descendants régnerait éternellement (2 Samuel 7).
Mais Jésus, en citant le Psaume 110, va les confronter à une vérité plus profonde. Il leur rappelle ce que dit David :
« Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied. »
Jésus souligne un paradoxe :
Comment David peut-il appeler son propre descendant “Seigneur” ?
Dans la culture juive, un père ne donne jamais un titre d’honneur à son fils ou petit-fils. C’est toujours l’inverse. Mais ici, David, inspiré par l’Esprit de Dieu, appelle le Messie “mon Seigneur”.
Cela n’a de sens que si le Messie n’est pas un simple homme, mais plus qu’un roi terrestre : un être divin. Ainsi, Jésus révèle subtilement deux vérités essentielles sur le Christ :
Il est fils de David, donc pleinement homme ;
Mais il est aussi Seigneur de David, donc pleinement Dieu.
Cette courte question contient un enseignement théologique profond :
le Messie ne sera pas seulement un libérateur humain, mais le Seigneur divin lui-même, venu dans la chair.
Par cette parole, Jésus affirme sans le dire directement qu’il est à la fois le descendant de David et le Seigneur éternel, celui que les Écritures annonçaient.
Les pharisiens ne peuvent rien répondre. Leur silence témoigne de la puissance de cette révélation.