5:1 Ils arrivèrent à l'autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens.
5:2 Aussitôt que Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et possédé d'un esprit impur.
5:3 Cet homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne.
5:4 Car souvent il avait eu les fers aux pieds et avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n'avait la force de le dompter.
5:5 Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes, criant, et se meurtrissant avec des pierres.
5:6 Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui,
5:7 et s'écria d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très Haut? Je t'en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas.
5:8 Car Jésus lui disait: Sors de cet homme, esprit impur!
5:9 Et, il lui demanda: Quel est ton nom? Légion est mon nom, lui répondit-il, car nous sommes plusieurs.
5:10 Et il le priait instamment de ne pas les envoyer hors du pays.
5:11 Il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient.
5:12 Et les démons le prièrent, disant: Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous entrions en eux.
5:13 Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer: il y en avait environ deux mille, et ils se noyèrent dans la mer.
Lorsque Jésus arrive dans le pays des Gadaréniens, il rencontre un homme dans un état extrême. Cet homme n’est plus maître de lui-même : il vit parmi les sépulcres, coupé des vivants, hurlant nuit et jour, se blessant avec des pierres.
Personne ne peut le maîtriser : il brise les chaînes qu’on lui met, il échappe à tout contrôle. Sa vie entière est devenue un cri de souffrance.
L’homme dans les sépulcres : symbole de mort et d’isolement
Vivre dans les tombeaux, c’est vivre entouré de mort. Cet homme, possédé par des esprits impurs, habite littéralement au milieu des morts parce que le mal l’a séparé des vivants. C’est le signe d’un état spirituel de mort intérieure : il n’a plus de paix, plus de relation humaine, plus d’espoir.
Le mal a détruit en lui tout ce qui fait la vie : la paix, la raison, la communion, l’amour.
Ainsi, cet homme représente l’humanité lorsque le mal prend toute la place : l’homme sans Dieu, enfermé dans sa douleur, dominé par la peur, la colère ou la haine.
Les chaînes brisées : la force du mal
Les habitants avaient tenté de le lier avec des chaînes et des fers, mais il les brisait. Cela montre que le mal lui donnait une force surhumaine, mais une force tournée vers la destruction, non vers la vie. Il est fort, mais sans paix ; libre de ses chaînes physiques, mais prisonnier à l’intérieur. C’est une image de la fausse liberté : celle que le mal promet, mais qui détruit.
On croit être libre quand on cède à certaines passions ou dépendances, mais en réalité on devient esclave d’elles.
L’automutilation : la souffrance que le mal provoque
L’homme se meurtrit avec des pierres. Le mal l’amène à se faire du mal lui-même.
C’est une image de l’auto-destruction que le péché ou les addictions provoquent : on se blesse sans parfois s’en rendre compte, physiquement ou intérieurement. Satan ne cherche jamais à guérir, il pousse à la mort. Là où il agit, on trouve la division, la souffrance, la destruction.
La rencontre avec Jésus : la lumière face aux ténèbres
Dès que Jésus arrive, l’homme accourt et se prosterne devant lui. Mais ce ne sont pas seulement les gestes de l’homme : les esprits en lui reconnaissent la présence du Fils de Dieu. Ils s’écrient : « Qu’y a-t-il entre toi et moi, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’en conjure, ne me tourmente pas ! »
Cette phrase montre deux vérités :
Les démons reconnaissent qui est Jésus. Ils savent qu’il est le Fils de Dieu, celui qui a autorité sur eux.
Ils craignent son jugement : la présence de Jésus les met face à leur défaite inévitable.
Même le mal ne peut que se soumettre à Dieu. Cela révèle la souveraineté totale du Christ : il n’y a pas de combat d’égal à égal entre Dieu et Satan. Jésus commande, et le mal obéit.
« Légion est mon nom, car nous sommes plusieurs »
Quand Jésus lui demande son nom, l’esprit répond : « Légion ». Une légion romaine comptait plusieurs milliers d’hommes : c’est une manière de dire que l’homme est envahi par une multitude de démons, que le mal a pris possession de chaque recoin de sa vie. Mais Jésus n’est pas impressionné par ce nombre. Son autorité n’est pas dans la force physique, mais dans la parole divine : « Sors de cet homme, esprit impur ! »
Une seule parole du Christ suffit à briser ce que rien d’humain ne pouvait briser.
La demande des démons : « Ne nous envoie pas hors du pays »
Les démons supplient Jésus de ne pas les envoyer hors du pays, c’est-à-dire de ne pas les jeter immédiatement dans l’abîme, le lieu du jugement final. Ils savent que leur temps est compté. Ils demandent à entrer dans les porcs, peut-être pour rester dans la région et continuer à agir.
Ce passage montre que même le mal ne peut rien faire sans la permission de Dieu.
Jésus leur permet d’aller dans les porcs, non pour leur faire plaisir, mais pour montrer ce que produit le mal quand il n’est plus contenu : destruction et mort.
Les deux mille porcs : la manifestation de la destruction
Les esprits entrent dans le troupeau, environ deux mille porcs, et tous se précipitent dans la mer pour se noyer. La mer, dans la Bible, représente souvent le chaos, les forces du mal. Ainsi, les porcs qui se jettent à la mer symbolisent la victoire apparente du mal, mais sa défaite réelle : il retourne dans le chaos d’où il vient.
Ce n’est pas une scène d’horreur gratuite : c’est une leçon spirituelle. Le mal conduit toujours à la mort, quelle que soit sa forme. L’homme, lui, est sauvé mais le mal, chassé de lui, ne sait que détruire.
Le contraste absolu : la mort et la vie
L’homme possédé vivait au milieu des tombes ; à la fin du récit, il est assis, vêtu, et dans son bon sens (Marc 5:15). C’est le signe de la restauration : Jésus a restauré son humanité. Il est passé des ténèbres à la lumière, de la folie à la paix, de la mort à la vie.
C’est le cœur du message : là où le mal détruit, Jésus reconstruit.
Il libère les cœurs enchaînés, qu’ils soient liés par des démons visibles ou par des dépendances invisibles : drogue, alcool, colère, jalousie, désespoir, etc.
Jésus, le libérateur de toutes les chaînes
Cette histoire n’est pas seulement celle d’un homme d’autrefois : elle parle de chacun de nous.
Nous ne vivons peut-être pas dans des tombeaux, mais parfois nous sommes prisonniers de nos habitudes, de nos blessures ou de nos peurs.
Ces chaînes invisibles peuvent peser lourdement, et personne autour de nous ne peut les briser.
Mais Jésus, lui, a autorité sur tout mal. Une seule parole de lui peut redonner la paix à un cœur. Il ne vient pas condamner, mais libérer.
Là où le diable apporte la mort, Jésus apporte la vie. Là où il y a honte, il apporte la dignité. Là où il y a désespoir, il apporte l’espérance.
Le sens profond : la victoire du bien sur le mal
Ce récit est une miniature de la mission de Jésus :
Il traverse la mer (symbole du monde troublé).
Il affronte les puissances du mal.
Il libère l’homme captif.
Et il renvoie le mal dans son chaos.
C’est une prophétie en acte : la croix sera la victoire définitive où Jésus vaincra le mal et la mort.
5:14 Ceux qui les faisaient paître s'enfuirent, et répandirent la nouvelle dans la ville et dans les campagnes. Les gens allèrent voir ce qui était arrivé.
5:15 Ils vinrent auprès de Jésus, et ils virent le démoniaque, celui qui avait eu la légion, assis, vêtu, et dans son bon sens; et ils furent saisis de frayeur.
5:16 Ceux qui avaient vu ce qui s'était passé leur racontèrent ce qui était arrivé au démoniaque et aux pourceaux.
5:17 Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire.
« Ceux qui faisaient paître s’enfuirent » pourquoi ?
Les gardiens du troupeau de porcs étaient des ouvriers, chargés de surveiller les animaux. Quand ils voient les deux mille porcs se jeter dans la mer et mourir, ils prennent peur et fuient pour aller prévenir les habitants.
Pourquoi fuient-ils ?
Ils viennent de voir une scène terrifiante et inexplicable : des animaux pris d’une folie soudaine et massive.
Ils comprennent que quelque chose de surnaturel vient de se produire.
Et ils craignent d’être tenus pour responsables de la perte du troupeau.
C’est donc à la fois la peur du prodige et la peur humaine des conséquences qui les fait fuir.
« Ils virent le démoniaque assis, vêtu et dans son bon sens »
Cette phrase est très belle c’est le symbole de la paix retrouvée.
Avant, l’homme :
hurlait jour et nuit,
vivait nu parmi les tombeaux,
se blessait lui-même,
et était hors de tout contrôle.
Maintenant :
il est assis → signe de repos, de calme intérieur ;
vêtu → signe de dignité retrouvée ;
dans son bon sens → il a retrouvé sa raison, sa paix, sa liberté.
Oui, cela veut dire qu’il va bien qu’il est guéri non seulement dans son corps, mais aussi dans son âme. Jésus l'a restauré.
« Ils furent saisis de frayeur » pourquoi ont-ils eu peur ?
C’est une réaction surprenante, mais très humaine. Ils auraient pu se réjouir de la guérison… mais ils ont peur. Pourquoi ?
Parce qu’ils viennent de voir une puissance qu’ils ne comprennent pas.
Jésus a montré :
qu’il commande aux esprits impurs,
que même des milliers de démons lui obéissent,
et qu’en une seule parole, il bouleverse les forces du mal… et leur quotidien (leurs troupeaux, leurs biens).
En résumé :
Ils voient le surnaturel se manifester au grand jour.
Ils savent qu’ils sont en présence d’une autorité divine.
Et cette puissance de Dieu les dépasse — elle les effraie, car elle met en lumière leur propre faiblesse.
« Ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire »
C’est le signe que leur peur est plus forte que leur foi. Au lieu de reconnaître en Jésus le Sauveur, ils préfèrent le tenir à distance. Son pouvoir les bouscule, les met mal à l’aise il dérange leur sécurité, leurs habitudes, leur économie (la perte des porcs). Ils n’ont pas encore compris que la présence de Jésus ne détruit pas, elle libère. Mais pour eux, elle est trop grande, trop “dangereuse” à leurs yeux.
5:18 Comme il montait dans la barque, celui qui avait été démoniaque lui demanda la permission de rester avec lui.
5:19 Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit: Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t'a fait, et comment il a eu pitié de toi.
5:20 Il s'en alla, et se mit à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. Et tous furent dans l'étonnement.
Jésus monte dans la barque pour se déplacer et continuer sa mission. Là, l'homme libéré de ses démons lui demande de rester avec lui. Cet homme a trouvé en Jésus son guérisseur et son libérateur, mais Jésus refuse. Ce n’est pas par manque d’amour : au contraire, Jésus a un autre projet pour lui.
Il lui demande de retourner chez lui et de témoigner auprès des siens de tout ce que Dieu a fait pour lui. Le mot pitié souligne que ce sauvetage n’est pas seulement une guérison physique ou mentale, mais un acte de miséricorde divine : Dieu a vu sa misère et l’a délivré.
L’homme s’en va alors partager activement son expérience, racontant partout ce que Jésus a fait pour lui. Il devient ainsi un témoin vivant de la puissance et de la compassion de Dieu. Son témoignage touche même toute la Décapole, région de dix villes païennes, montrant que l’Évangile dépasse les frontières et les communautés.
Jésus libère, puis envoie son libéré comme témoin. La guérison physique et spirituelle devient un témoignage public et missionnaire, fondé sur la miséricorde de Dieu.
5:21 Jésus dans la barque regagna l'autre rive, où une grande foule s'assembla près de lui. Il était au bord de la mer.
5:22 Alors vint un des chefs de la synagogue, nommé Jaïrus, qui, l'ayant aperçu, se jeta à ses pieds,
5:23 et lui adressa cette instante prière: Ma petite fille est à l'extrémité, viens, impose-lui les mains, afin qu'elle soit sauvée et qu'elle vive.
5:24 Jésus s'en alla avec lui. Et une grande foule le suivait et le pressait.
Marc raconte d’abord l’appel de Jaïrus (v. 21-24), puis interrompt le récit pour parler de la femme malade (v. 25-34), avant de revenir à la fille de Jaïrus (v. 35-43). Ce tressage n’est pas un hasard : les deux histoires se répondent. Elles forment une seule leçon sur la foi vivante qui obtient la vie.
Jaïrus : un homme important qui s’humilie
Jaïrus n’est pas n’importe qui :c’est un chef de la synagogue, donc un homme religieux, influent, respecté normalement, les dirigeants religieux se méfiaient de Jésus ou le critiquaient. Mais cet homme, malgré son statut, se jette aux pieds de Jésus.
Ce geste dit tout : humilité totale, désespoir sincère, foi profonde.
Quand la souffrance touche sa famille, il ne s’appuie plus sur son rang ni sur sa réputation il s’appuie sur Jésus.
C’est un acte de foi et d’abandon.
Une foi qui va plus loin que les autres
Dans la foule, beaucoup cherchent Jésus, mais Jaïrus le cherche différemment :
pas pour voir un miracle,
pas par curiosité,
pas parce que tout le monde le fait.
Il vient avec une foi personnelle, pressante, fervente. Il ne dit pas : « Jésus, si tu veux… » Il dit : « Viens, impose-lui les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » C’est une foi concrète, pratique, audacieuse. Il croit que si Jésus vient, la vie vient. Jaïrus intercède pour sa fille
Ce qui le pousse à agir, c’est : l’amour pour sa fille, et la conviction que Jésus est la seule solution. Il ne vient pas pour lui-même, mais pour quelqu’un qu’il aime.
C’est une image puissante de l’intercession :
Quand tu pries avec sincérité pour quelqu’un qui t’est cher, tu te tiens comme Jaïrus aux pieds de Jésus.
Jésus répond à cette foi particulière
Le texte dit simplement : « Jésus s’en alla avec lui. »
Malgré :
la foule,
les sollicitations,
les autres besoins,
les pressions,
Jésus suit Jaïrus, parce qu’il reconnaît la profondeur de sa foi.
La foi attire Jésus.
La foi ouvre un chemin dans la foule.
La foi personnelle touche plus que la simple approche collective.
Tout le monde pressait Jésus, mais seul Jaïrus obtient que Jésus marche avec lui.
Maintenant nous allons voir la femme avant de revenir sur jairus
5:25 Or, il y avait une femme atteinte d'une perte de sang depuis douze ans.
5:26 Elle avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, elle avait dépensé tout ce qu'elle possédait, et elle n'avait éprouvé aucun soulagement, mais était allée plutôt en empirant.
5:27 Ayant entendu parler de Jésus, elle vint dans la foule par derrière, et toucha son vêtement.
5:28 Car elle disait: Si je puis seulement toucher ses vêtements, je serai guérie.
5:29 Au même instant la perte de sang s'arrêta, et elle sentit dans son corps qu'elle était guérie de son mal.
5:30 Jésus connut aussitôt en lui-même qu'une force était sortie de lui; et, se retournant au milieu de la foule, il dit: Qui a touché mes vêtements?
5:31 Ses disciples lui dirent: Tu vois la foule qui te presse, et tu dis: Qui m'a touché?
5:32 Et il regardait autour de lui, pour voir celle qui avait fait cela.
5:33 La femme, effrayée et tremblante, sachant ce qui s'était passé en elle, vint se jeter à ses pieds, et lui dit toute la vérité.
5:34 Mais Jésus lui dit: Ma fille, ta foi t'a sauvée; va en paix, et sois guérie de ton mal.
Au milieu de la foule, Marc introduit une femme malade depuis douze ans. Ce nombre n’est pas anodin : dans la Bible, 12 évoque la plénitude, l’achèvement. Elle a vécu une épreuve “jusqu’au bout”, une souffrance complète, comme si elle avait atteint la limite de ce qu’une personne peut supporter.
Sa perte de sang symbolise une perte de vie.
Dans la culture juive, cela la rend impure :
exclue du temple,
isolée socialement,
affaiblie physiquement,
blessée moralement
Elle a tout tenté, dépensé tout son argent, mais tout empirait. Sa santé se détériorait, ses forces diminuaient, son espoir s’effondrait, ses relations disparaissaient. Plus elle luttait, plus elle s’enfonçait.
C’est souvent lorsque tout est “épuisé” que Dieu ouvre une porte.
Elle a “entendu parler de Jésus” et c’est essentiel. La foi vient de ce qu’on entend. Un simple témoignage peut transformer une vie. Alors elle vient par derrière. Elle n’ose pas se montrer : elle a honte, elle se sait impure, elle a peur du regard des autres. Mais la foi la pousse à faire ce que la peur lui interdirait.
Elle pense :
« Si je peux seulement toucher son vêtement, je serai guérie. »
Ce n’est pas de la superstition. C’est la conviction profonde que la puissance de Jésus est si grande qu’un simple contact suffit. C’est une foi humble, pure, étonnamment profonde. Et aussitôt, elle est guérie. La guérison est instantanée parce que sa foi est totale.
De Jésus, une force sort : non pas malgré lui, mais parce que quelqu’un l’a touché dans la foi.
La foule le touche physiquement. Elle le touche spirituellement.
Pourquoi Jésus demande : “Qui m’a touché ?”
Jésus n’ignore rien. Il pose la question pour elle :
pour la sortir de la honte,
pour qu’elle témoigne,
pour montrer que ce n’est pas magique,
pour la restaurer publiquement.
La foi secrète doit devenir une joie publique.
Elle vient tremblante, se jette à ses pieds exactement comme Jaïrus. Les deux se rencontrent là : dans l’humilité.
Alors Jésus dit :
« Ma fille, ta foi t’a sauvée. »
C’est un mot de tendresse, de restauration, presque d’adoption.
Il ne dit pas : “Mon vêtement t’a guérie”, mais :
“Ta foi a ouvert ton cœur à ma puissance.”
Elle est guérie dans son corps, mais aussi dans son identité, sa dignité, sa vie entière.
Dans ce passage, Marc met en lumière deux formes de foi très différentes, mais toutes deux authentiques.
D’un côté, il y a Jaïrus, un chef de synagogue. Sa foi est courageuse et publique : il s’avance devant tout le monde, se jette aux pieds de Jésus et ose demander de l’aide pour sa fille. Il plaide non pour lui-même, mais pour quelqu’un qu’il aime.
De l’autre côté, il y a la femme malade. Sa foi est discrète, intime, presque secrète. Elle n’ose pas parler, elle ne veut pas se montrer. Elle croit que toucher simplement le vêtement de Jésus suffira. Sa démarche est personnelle, profondément intérieure.
Et ce qui frappe chez Marc, c’est que Jésus répond aux deux. Il ne se laisse pas influencer par le statut social, ni par la pureté rituelle, ni par la pression de la foule autour de lui. Ce qu’il regarde, c’est la sincérité de la foi, qu’elle soit publique ou cachée, forte ou fragile.
Quant à la foule, elle occupe une place importante dans ce récit. Elle symbolise ceux qui sont proches physiquement de Jésus, mais pas forcément proches par la foi. Beaucoup de personnes le touchent, le pressent, l’entourent… pourtant une seule est guérie : celle qui croit vraiment.
La foule représente donc une religion extérieure, une proximité qui ne s’accompagne pas d’engagement intérieur. Marc veut montrer que ce n’est pas le fait d’être proche de Jésus d’un point de vue physique, culturel ou religieux qui sauve :
C’est la foi intérieure, vivante et authentique.
5:35 Comme il parlait encore, survinrent de chez le chef de la synagogue des gens qui dirent: Ta fille est morte; pourquoi importuner davantage le maître?
5:36 Mais Jésus, sans tenir compte de ces paroles, dit au chef de la synagogue: Ne crains pas, crois seulement.
5:37 Et il ne permit à personne de l'accompagner, si ce n'est à Pierre, à Jacques, et à Jean, frère de Jacques.
5:38 Ils arrivèrent à la maison du chef de la synagogue, où Jésus vit une foule bruyante et des gens qui pleuraient et poussaient de grands cris.
5:39 Il entra, et leur dit: Pourquoi faites-vous du bruit, et pourquoi pleurez-vous? L'enfant n'est pas morte, mais elle dort.
5:40 Et ils se moquaient de lui. Alors, ayant fait sortir tout le monde, il prit avec lui le père et la mère de l'enfant, et ceux qui l'avaient accompagné, et il entra là où était l'enfant.
5:41 Il la saisit par la main, et lui dit: Talitha koumi, ce qui signifie: Jeune fille, lève-toi, je te le dis.
5:42 Aussitôt la jeune fille se leva, et se mit à marcher; car elle avait douze ans. Et ils furent dans un grand étonnement.
5:43 Jésus leur adressa de fortes recommandations, pour que personne ne sût la chose; et il dit qu'on donnât à manger à la jeune fille.
Alors que Jésus parlait encore avec la femme qu’il venait de guérir, l’histoire retourne soudain vers Jaïrus. Des messagers arrivent de sa maison avec une nouvelle terrible :
« Ta fille est morte. Pourquoi importunes-tu encore le Maître ? »
Ils appellent Jésus le Maître, mais ils ne voient en lui qu’un rabbi, un enseignant respecté.
Guérir une maladie, oui…Mais intervenir après la mort ? Pour eux, c’est impossible. Ils pensent donc que tout est terminé.
Mais Jésus ne tient aucun compte de leurs paroles. Il se tourne vers Jaïrus et lui dit une phrase qui traverse les siècles :
« Ne crains pas, crois seulement. »
Autrement dit :
Ne laisse pas la peur dominer.
Ne regarde pas seulement ce que tu vois.
Ne laisse pas la mort avoir le dernier mot.
Continue de croire, même si tout semble perdu.
La foi ne nie pas la réalité : la fille est vraiment morte. Mais la foi reconnaît que Jésus est plus grand que cette réalité. Jésus avance donc avec Jaïrus, mais il n’emmène avec lui que Pierre, Jacques et Jean. Pourquoi eux ?
Parce qu’ils forment son cercle intime, les témoins choisis pour voir les miracles les plus profonds. Parce que certains moments demandent une atmosphère de foi, pas une foule agitée. Et parce que Jésus protège la famille du bruit, du spectacle, des réactions inutiles.
Quand ils arrivent à la maison, c’est le chaos : des cris, des pleurs, du désespoir. Tout le monde sait qu’elle est morte.
Mais Jésus entre et dit : « Pourquoi pleurez-vous ? L’enfant n’est pas morte, elle dort. »
Pourquoi dire cela ?
Parce qu’en présence de Jésus, la mort devient comme un sommeil : temporaire. Parce que pour Jésus, la mort n’est pas un mur, mais une porte. Parce qu’il n’annonce jamais un miracle avant de l’accomplir.
La foule, elle, ne comprend rien. Elle se moque de lui. Elle voit un corps mort. Jésus voit une vie que Dieu va relever. La foule représente encore une fois ceux qui sont proches de Jésus physiquement, mais loin par la foi.
Alors Jésus fait sortir tout le monde.
Il ne garde que le père, la mère, et ses trois disciples. Parce qu’un miracle ne se fait pas dans la confusion. Parce que la foi a besoin de silence. Parce que la famille doit être au cœur de ce moment.
Puis il prend la main de la jeune fille.
Marc rapporte ici les paroles originales de Jésus, en araméen, la langue qu’il parlait :
« Talitha koumi » Ce que Marc traduit lui-même : « Jeune fille, lève-toi, je te le dis. »
Pourquoi garder l’araméen ? Parce que c’est exactement ce que Jésus a dit. Parce que ces mots ont bouleversé ceux qui étaient là. Parce que « Talitha » est un mot très doux : cela signifie “petite fille”, “petit agneau”, un terme tendre et affectueux.
C’est une parole intime, pleine d’amour, prononcée au bord de la mort.
Et aussitôt, la jeune fille se lève et se met à marcher. Douze ans. Douze ans de vie, restaurés par une parole.
Jésus recommande alors de ne pas ébruiter l’événement. Il veut protéger la famille.
Et il dit simplement de lui donner à manger : la preuve que ce n’est pas une illusion, mais une vraie résurrection.