10:1 Puis, ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité.
10:2 Voici les noms des douze apôtres. Le premier, Simon appelé Pierre, et André, son frère; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère;
10:3 Philippe, et Barthélemy; Thomas, et Matthieu, le publicain; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée;
10:4 Simon le Cananite, et Judas l'Iscariot, celui qui livra Jésus.
Le groupe des Douze représente les fondations de l’Église chrétienne, créée à l’image des douze tribus d’Israël. Par leur mission, ils incarnent une nouvelle communauté appelée à restaurer le lien avec Dieu et à porter son message à toutes les nations. Jésus confère aux Douze un pouvoir spirituel, symbolisant une autorité pour annoncer le Royaume de Dieu et agir en son nom, ce qui est unique dans l’histoire biblique.
Un mandat de prédication : Ils doivent annoncer la venue du Royaume de Dieu. Leur mission n’est pas seulement d’enseigner, mais de transformer les cœurs en incarnant le message par leurs actions.
Un mandat de guérison et d’exorcisme : Jésus leur donne aussi le pouvoir de chasser les esprits impurs et de guérir les malades, signes de la puissance du Royaume de Dieu qui libère et rétablit. Ces miracles ne sont pas des actes isolés, mais des signes visibles de la venue d’une ère nouvelle
10:5 Tels sont les douze que Jésus envoya, après leur avoir donné les instructions suivantes: N'allez pas vers les païens, et n'entrez pas dans les villes des Samaritains;
10:6 allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël.
10:7 Allez, prêchez, et dites: Le royaume des cieux est proche.
Dans la tradition juive, le Messie attendu devait d’abord venir pour Israël. Jésus se présente comme le Messie qui vient restaurer Israël spirituellement. Dans ce contexte, “les brebis perdues” représentent les Israélites qui s’étaient éloignés de Dieu et qui avaient besoin d’un retour à la foi.
En demandant d’abord de prêcher aux Juifs, Jésus établissait un fondement solide pour l’expansion future du message. Après sa mort et sa résurrection, Jésus enverra ses disciples prêcher à toutes les nations (Matthieu 28:19-20), mais il commence par Israël, où son message peut d’abord être ancré. Les premiers disciples eux-mêmes étaient juifs et ont ainsi été préparés pour annoncer le message universel du christianisme.
L’instruction de se limiter d’abord à Israël n’était pas une exclusion permanente des autres peuples, mais une question de priorité initiale. Plus tard, Jésus ouvrira clairement la mission à l’ensemble de l’humanité. Par exemple, dans l’Évangile de Jean, Jésus dit : “J’ai d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là aussi, il faut que je les amène” (Jean 10:16), indiquant ainsi son intention d’atteindre un jour toute l’humanité.
10:8 Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.
Quand Jésus dit : “Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement”, il enseigne un principe spirituel fondamental. La grâce, l’amour, le pardon et même la foi sont offerts gratuitement par Dieu. En retour, Jésus nous invite à partager ces dons amour, compassion, pardon et aide sans attendre quelque chose en échange, de façon sincère et généreuse.
Dans le contexte des Évangiles, Jésus donne ces pouvoirs directement aux douze disciples, afin de démontrer le royaume de Dieu et d’annoncer la bonne nouvelle. Ce pouvoir spécifique n’est pas systématiquement donné à chaque croyant. Cependant, selon le Nouveau Testament, tout croyant peut recevoir des dons spirituels pour servir et aider les autres, tels que des dons de guérison, de sagesse, de foi, etc. l l’Esprit de Dieu agit encore aujourd’hui pour inspirer et aider.
Ce passage nous appelle à donner ce que nous avons reçu : amour, compassion, soutien et aide. Cela signifie que nous devons essayer de vivre dans une générosité sincère, en donnant de notre temps, en pardonnant, en aidant les autres et en partageant notre foi et notre compassion avec ceux qui en ont besoin. La richesse de la foi chrétienne se transmet en étant pratiquée, souvent dans les petites choses du quotidien, sans compter ni chercher un bénéfice personnel.
10:9 Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie, dans vos ceintures;
10:10 ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton; car l'ouvrier mérite sa nourriture.
Dans ce passage, Jésus donne des instructions à ses disciples avant de les envoyer en mission. Il leur demande de ne rien emporter de matériel pour leur voyage : ni argent, ni vêtements supplémentaires, ni provisions. L’idée principale derrière ce conseil est de leur enseigner à compter entièrement sur Dieu pour leurs besoins, et aussi à dépendre de la générosité des personnes qui les accueilleront.
1. Confiance en Dieu : Jésus veut que ses disciples apprennent à se reposer sur la providence de Dieu, plutôt que sur leurs propres ressources matérielles. Cela renforce leur foi et leur capacité à se concentrer uniquement sur leur mission, sans être préoccupés par des biens matériels.
2. Humbleté et Simplicité : En leur demandant de voyager sans argent ni provisions, Jésus les appelle à une vie de simplicité et d’humilité. Cela permet aux disciples de rester humbles et accessibles, sans montrer de signes de richesse qui pourraient les éloigner des gens simples et des plus démunis.
3. Dépendance sur la communauté : Jésus indique que « l’ouvrier mérite sa nourriture », signifiant que les disciples devraient être soutenus par ceux qu’ils servent. Leur mission étant spirituelle et non matérielle, il est juste que les personnes qui reçoivent leur enseignement leur fournissent le nécessaire. Cela crée une relation de confiance et de soutien mutuel entre eux et la communauté.
4. Un exemple de foi pour les autres : En vivant sans attachement matériel, les disciples témoignent de la force de leur foi. Ils montrent aux autres que la vraie richesse ne réside pas dans les possessions, mais dans la mission spirituelle et la confiance en Dieu.
10:11 Dans quelque ville ou village que vous entriez, informez-vous s'il s'y trouve quelque homme digne de vous recevoir; et demeurez chez lui jusqu'à ce que vous partiez.
10:12 En entrant dans la maison, saluez-la;
10:13 et, si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle; mais si elle n'en est pas digne, que votre paix retourne à vous.
10:14 Lorsqu'on ne vous recevra pas et qu'on n'écoutera pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds.
Jésus parle de “paix” comme d’une bénédiction spirituelle que les disciples apportent avec eux dans chaque maison où ils sont reçus. Cette paix, représente la plénitude, l’harmonie avec Dieu, et une profonde bénédiction spirituelle. En entrant dans une maison digne, les disciples transmettent cette paix divine aux habitants, offrant une bénédiction sur leur foyer.
La paix que les disciples apportent est décrite comme une puissance spirituelle tangible qui peut venir ou se retirer. Si la maison n’est pas « digne » (si les personnes s’opposent au message ou rejettent les disciples), alors cette bénédiction de paix ne peut pas s’établir, et elle « retourne » aux disciples. Cela signifie que la paix et la bénédiction qu’ils offrent ne sont pas perdues ; au contraire, elles restent avec les disciples qui poursuivent leur mission. Cette paix est donc une énergie spirituelle active, qui se manifeste là où elle est reçue mais se retire là où elle est refusée.
Ce passage enseigne aussi que, dans la mission spirituelle, il est important de ne pas insister là où il y a un rejet évident. La paix que les disciples transmettent n’est pas forcée ; elle est donnée librement, mais elle doit aussi être acceptée librement. Cela met en lumière l’idée que la foi, l’accueil de la paix divine, et l’ouverture au message spirituel ne peuvent jamais être imposés.
10:15 Je vous le dis en vérité: au jour du jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins rigoureusement que cette ville-là.
Jésus enseigne en que le jugement de Sodome et Gomorrhe sera moins rigoureux que celui des villes qui rejettent le message des disciples. Cette affirmation repose sur un principe fondamental dans la Bible : plus on reçoit de lumière et de vérité, plus on est responsable devant Dieu.
Sodome et Gomorrhe, bien que profondément pécheresses, n’ont pas reçu la même opportunité de repentance que les villes d’Israël à l’époque de Jésus. Elles n’ont pas vu directement la révélation divine incarnée en Jésus-Christ ni entendu l’Évangile prêché par ses disciples.
Sodome et Gomorrhe sont deux villes emblématiques mentionnées dans la Bible, connues principalement pour leur extrême péché et leur destruction par Dieu en raison de leur immoralité. Elles représentent plusieurs thèmes spirituels importants, notamment le péché, le jugement de Dieu, mais aussi la miséricorde et l’avertissement divin.
10:16 Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes.
Les brebis : Elles symbolisent la vulnérabilité, l’innocence et la dépendance à leur berger. Cela reflète la condition des disciples : sans défense face à un monde souvent opposé à leurs valeurs.
• Les loups : Ils représentent le danger, l’agressivité et la menace. Jésus avertit ses disciples que leur mission se fera dans un environnement hostile où ils devront s’attendre à des persécutions et des oppositions.
Cette image souligne la tension entre la mission des disciples (porter un message d’amour et de vérité) et le rejet du monde.
“Prudents comme les serpents”
• Le serpent est effectivement associé au mal dans plusieurs passages de la Bible, notamment en Genèse 3, où il incarne la ruse et la tromperie. Cependant, ici, Jésus met en avant une qualité particulière du serpent : sa prudence.
• Le serpent sait éviter les dangers, il est attentif à son environnement. Cette prudence est essentielle pour survivre dans des situations hostiles. Les disciples doivent donc être sages et perspicaces, capables de discerner les pièges et d’agir avec stratégie.
“Simples comme des colombes”
• La colombe est un symbole de pureté, d’innocence et de paix. Jésus appelle à une simplicité de cœur, à une sincérité dans les intentions, sans duplicité ni ruse malveillante.
10:17 Mettez-vous en garde contre les hommes; car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous battront de verges dans leurs synagogues;
10:18 vous serez menés, à cause de moi, devant des gouverneurs et devant des rois, pour servir de témoignage à eux et aux païens.
Ce passage prédit une réalité difficile pour les disciples : leur fidélité à Jésus entraînerait une forte opposition et des persécutions de la part des autorités religieuses et civiles. Ils seraient traduits en justice, battus, et certains pourraient même être amenés devant des gouverneurs ou des rois. Cependant, cette persécution est également un moyen pour eux de témoigner de leur foi, et d’annoncer l’Évangile non seulement aux autorités, mais aussi aux peuples païens. Cette promesse de persécution s’inscrit dans un cadre plus large de souffrance pour le nom de Jésus, mais aussi d’opportunité pour la vérité de se propager.
Jésus prépare ainsi ses disciples à la réalité de la mission chrétienne : il n’est pas facile de témoigner de l’Évangile, mais même dans les situations les plus adverses, Dieu est fidèle pour leur donner les paroles et la sagesse nécessaires, et leur témoignage peut avoir un impact qui dépasse leur propre souffrance.
10:19 Mais, quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz: ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même;
10:20 car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous.
Jésus promet à ses disciples qu’en cas de persécution, lorsqu’ils seront livrés aux autorités, ils ne doivent pas s’inquiéter de ce qu’ils diront ou de la manière dont ils se défendront. Le Saint-Esprit, qui est l’Esprit de Dieu, les guidera et leur donnera les paroles à dire au moment précis, afin qu’ils puissent témoigner avec sagesse et puissance. Ce n’est pas leur propre éloquence qui comptera, mais l’Esprit Saint qui parlera à travers eux, leur offrant l’assurance qu’ils ne sont jamais seuls dans leurs difficultés
10:21 Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir.
10:22 Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom; mais celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé.
10:23 Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Je vous le dis en vérité, vous n'aurez pas achevé de parcourir les villes d'Israël que le Fils de l'homme sera venu.
Ces versets nous montres la haine extrême que les croyants peuvent subir en raison de leur foi, même de la part de leurs proches, comme cela s’est souvent produit dans l’histoire de l’Église. Cette haine est particulièrement manifeste lorsque l’on rejette la grâce de Dieu, créant des divisions profondes, même dans les familles. Cependant, cette réalité met en lumière l’immensité de l’amour de Dieu, qui, malgré l’inimitié humaine, a donné son Fils pour pardonner ces péchés et offrir à ceux qui croient une relation d’enfants bien-aimés avec Lui. Le contraste entre la haine humaine et l’amour divin souligne la grandeur de la grâce de Dieu.
Persévérer jusqu’à la fin
Cela signifie continuer à rester fidèle à sa foi et à ses convictions malgré les épreuves, la haine, les persécutions ou les défis rencontrés.
Cela implique une constance et une endurance dans la foi, en dépit des oppositions ou des difficultés.
C’est un appel à ne pas abandonner, à demeurer ferme dans sa relation avec Dieu et à suivre ses commandements, même lorsque c’est difficile.
Dans le contexte biblique, l’inimitié désigne l’opposition ou la rébellion de l’humanité envers Dieu, mais aussi les conflits ou divisions qui naissent entre les êtres humains en raison de leur foi ou de leurs différences spirituelles.
10:24 Le disciple n'est pas plus que le maître, ni le serviteur plus que son seigneur.
10:25 Il suffit au disciple d'être traité comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. S'ils ont appelé le maître de la maison Béelzébul, à combien plus forte raison appelleront-ils ainsi les gens de sa maison!
• Cette phrase souligne que les disciples (ou serviteurs) ne doivent pas s’attendre à être traités différemment ou mieux que leur maître (ou seigneur).
• Puisque Jésus, leur Maître, a été méprisé, persécuté, et même accusé d’être Béelzébul (le prince des démons), les disciples doivent s’attendre à subir des épreuves similaires en suivant son exemple.
Être traité comme Jésus
• “Il suffit au disciple d’être traité comme son maître” signifie que le disciple doit être prêt à accepter les mêmes souffrances, critiques et oppositions que Jésus a endurées.
• Suivre Jésus implique non seulement d’adopter ses enseignements, mais aussi d’être prêt à affronter les épreuves liées à cette obéissance.
• Ces épreuves font partie de la vie chrétienne et permettent au disciple de s’identifier à Jésus et à sa mission.
10:26 Ne les craignez donc point; car il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu.
10:27 Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en plein jour; et ce qui vous est dit à l'oreille, prêchez-le sur les toits.
Ces versets, encouragent les disciples à ne pas avoir peur en proclamant la vérité de l’Évangile.
"Ne les craignez donc point"
• Jésus met en garde contre la peur des opposants, des persécuteurs ou de ceux qui pourraient rejeter ou combattre leur message. Ces ennemis peuvent causer des souffrances physiques, mais leur pouvoir est limité : ils ne peuvent pas détruire l’âme (voir Matthieu 10:28).
“Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu »
1. La vérité de Dieu sera révélée : Les enseignements de Jésus, parfois transmis dans un cadre restreint ou intime, seront un jour proclamés ouvertement. Même si la vérité de l’Évangile est combattue ou cachée par certains, elle sera finalement dévoilée à tous.
2. Les actions humaines seront exposées : Les complots des méchants ou les injustices cachées seront également révélés au jugement final. C’est un avertissement pour ceux qui agissent contre la vérité et une promesse pour ceux qui la défendent.
“Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en plein jour; et ce qui vous est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits”
• Jésus encourage ses disciples à proclamer ouvertement ce qu’il leur enseigne en privé.
• Il leur parle parfois dans un contexte discret ou restreint (comme lorsqu’il enseigne ses disciples en particulier), mais leur mission est d’annoncer publiquement l’Évangile pour que tous puissent l’entendre.
• L’expression “prêchez-le sur les toits” signifie qu’ils doivent annoncer la vérité de manière visible, courageuse et sans crainte, même si cela attire des oppositions.
10:28 Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne.
La différence entre les termes “tuer” et “faire périr” .
“Tuer” – Ce que les hommes peuvent faire
• Sens limité : Le mot “tuer” est utilisé pour décrire l’action humaine. Les hommes peuvent causer la mort physique, mais leur pouvoir s’arrête là. Ils ne peuvent toucher à l’âme ou à la destinée éternelle d’une personne.
• Un acte temporaire : La mort physique causée par les hommes n’est pas définitive dans la perspective biblique, car la résurrection et la vie éternelle attendent les croyants.
2. “Faire périr” – Ce que Dieu peut faire
• Un pouvoir total : “Faire périr” (en grec apollumi) signifie détruire complètement, annihiler ou entraîner à la ruine. Ici, cela fait référence à la destruction complète dans la géhenne, qui affecte à la fois l’âme et le corps.
• Un acte définitif : Contrairement à la mort physique, cette “perte” ou destruction en géhenne est éternelle. Il s’agit d’une séparation irréversible d’avec Dieu, qui est la source de toute vie.
Cette différence de termes rappelle aux disciples que leur crainte doit être dirigée non vers les hommes, mais vers Dieu, qui détient l’autorité ultime sur l’éternité.
10:29 Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant, il n'en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père.
10:30 Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés.
10:31 Ne craignez donc point: vous valez plus que beaucoup de passereaux.
Les exemples des passereaux et des cheveux sont choisis par Jésus pour illustrer la providence divine et l’importance que Dieu accorde à chaque détail de la vie humaine.
Les passereaux
Valeur des passereaux : Les passereaux étaient des oiseaux très bon marché à l’époque, vendus pour un prix dérisoire (un sou, ou un as, était la plus petite monnaie romaine). Ils symbolisent des choses apparemment insignifiantes ou peu précieuses.
Même ces petites créatures, insignifiantes aux yeux des hommes, sont sous la souveraineté et la bienveillance de Dieu. Pas un seul passereau ne tombe à terre sans que Dieu le sache et le permette.
Si Dieu prend soin de créatures aussi petites et “ordinaires”, à combien plus forte raison prend-il soin des êtres humains, qui ont une valeur infiniment plus grande à ses yeux.
Les cheveux de la tête
Un détail insignifiant pour nous : Les cheveux sont si nombreux et apparemment si anodins qu’ils passent inaperçus dans notre vie quotidienne. Qui peut tenir compte du nombre exact de ses cheveux ?
Jésus souligne que Dieu, dans sa toute-puissance et son omniscience, connaît jusqu’aux moindres détails de chaque personne, y compris le nombre exact de ses cheveux.
Cela montre à quel point Dieu connaît intimement chaque individu. Rien n’est trop petit ou trop insignifiant pour échapper à son attention.
10:32 C'est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux;
10:33 mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux.
Pour ces deux versets, il est essentiel de comprendre les mots confesser et renier, car ils sont au cœur du message de Jésus à ses disciples.
• Confesser : Ce terme signifie avouer, déclarer publiquement ou reconnaître quelque chose avec assurance. Dans ce passage, il s’agit de témoigner ouvertement de sa foi en Jésus devant les autres. Confesser Jésus implique de ne pas avoir honte de son appartenance à Lui et de l’affirmer même face à la persécution ou à l’opposition. Jésus promet que ceux qui le confesseront devant les hommes seront également reconnus par Lui devant Dieu le Père. Cela montre l’importance d’une foi vécue et proclamée ouvertement, sans crainte du regard des autres.
• Renier : À l’inverse, renier signifie démentir ou abandonner quelque chose, ici la foi en Jésus. Renier Jésus devant les hommes revient à rejeter ou dissimuler sa foi, à renoncer à l’affirmer publiquement, par peur ou par compromis. Ceux qui renieront Jésus, selon ce passage, seront eux-mêmes reniés par Lui devant Dieu le Père. Ce reniement n’est pas simplement un acte de déni verbal, mais une attitude qui révèle un manque de loyauté et de fidélité envers Christ.
Ces deux termes mettent en lumière un choix décisif dans la vie du croyant : rester fidèle et affirmer sa foi, ou se détourner de Christ par crainte ou pour des raisons mondaines.
10:34 Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée.
10:35 Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère;
10:36 et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison.
La vérité de Dieu peut unir ceux qui l’acceptent, mais elle peut également séparer ceux qui ne sont pas prêts à l’accueillir. Cette division est souvent douloureuse, particulièrement dans un cadre familial, où les liens sont forts et les attentes sociales importantes.
L’épée symbolise ici le caractère pénétrant et décisif du message de Jésus, même au sein des relations les plus intimes. Elle révèle les cœurs, force chacun à choisir entre suivre Dieu ou rester attaché à des liens ou des traditions humaines. Cette “division” est douloureuse, mais elle est orientée vers une transformation profonde et l’établissement d’une vérité durable.
10:37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi;
Jésus affirme que l’amour pour lui doit surpasser tous les autres amours, y compris ceux qui nous semblent les plus naturels et les plus précieux, comme l’amour familial.
• Il ne rejette pas l’amour familial, mais il exige que cet amour soit soumis à l’amour pour Dieu. Si une relation familiale devient une entrave à l’obéissance à Christ, le disciple doit choisir Christ.
Jésus réclame une fidélité totale parce qu’il est Dieu incarné. Il ne s’agit pas d’un simple maître ou prophète qui demande une loyauté personnelle, mais du Seigneur lui-même, qui a droit à une allégeance sans partage.
• Cette fidélité peut sembler dure ou extrême, mais elle reflète la vérité selon laquelle Dieu est la source ultime de toute vie et de tout amour. En aimant Dieu avant tout, on apprend à aimer les autres de manière juste et selon ses voies.
Par exemple :
• Un père ou une mère pourrait décourager leur enfant de suivre Christ pour éviter les persécutions.
• Un fils ou une fille pourrait rejeter la foi de leurs parents, créant ainsi une tension douloureuse.
Jésus demande de ne pas céder à ces pressions, même si elles viennent de ceux que nous aimons profondément.
10:38 celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n'est pas digne de moi.
“Prendre sa croix” est une image forte utilisée par Jésus pour illustrer ce que signifie véritablement le suivre. À l’époque, la croix était un instrument de mort utilisé par les Romains, un symbole de honte, de douleur et de renoncement total. Quand Jésus demande à ses disciples de “prendre leur croix”, il les appelle à un engagement radical et complet, même au prix de grands sacrifices.
Prendre sa croix : mourir à soi-même
1. Renoncer à soi-même :
• Prendre sa croix signifie mourir à ses désirs égoïstes, à son orgueil, et à tout ce qui détourne de la volonté de Dieu. Cela implique de ne plus vivre pour soi-même, mais pour Christ.
• C’est une invitation à abandonner tout ce qui s’oppose à l’obéissance au Seigneur : ambitions personnelles, péchés, attachements terrestres, et même sa propre volonté.
2. Faire passer Christ en premier :
• Prendre sa croix, c’est mettre Christ au centre de sa vie, même si cela exige des sacrifices douloureux ou des choix difficiles.
• Cela signifie aussi accepter les conséquences de cette fidélité : le rejet, la souffrance, ou la perte de privilèges dans ce monde.
La croix comme un acte volontaire
1. Une décision active :
La croix n’est pas quelque chose qui nous est imposé passivement. Jésus dit “prendre sa croix”, ce qui implique une décision consciente et volontaire.
2. Non seulement souffrance, mais transformation :
La croix ne se limite pas à subir des épreuves. Elle symbolise une transformation : celle de mettre à mort le vieil homme (notre nature pécheresse) pour que la vie nouvelle en Christ puisse grandir.
Cela signifie une purification intérieure, un renouvellement de l’esprit, et une fidélité envers Dieu qui dépasse les épreuves.
“N’est pas digne de moi”
1. Un appel à la loyauté totale :
Jésus établit un critère clair : on ne peut pas être son disciple sans accepter de porter sa croix. Refuser ce chemin revient à lui refuser la place qu’il mérite, celle du Seigneur de notre vie.
Ceux qui choisissent de préserver leur confort ou leur sécurité, au lieu de suivre Christ dans l’obéissance et le sacrifice, montrent qu’ils ne lui accordent pas la première place.
2. Une dignité fondée sur l’amour et le don total :
Être “digne” de Christ ne signifie pas que nous méritons son amour (qui est un don gratuit), mais que notre réponse à cet amour doit être complète et sincère.
Jésus veut des disciples prêts à le suivre pleinement, à prendre leur croix comme il a porté la sienne pour eux.
En résumé :
“Prendre sa croix” signifie accepter de mourir à soi-même, à ses désirs égoïstes, et à tout ce qui s’oppose à la volonté de Dieu. C’est un appel à une fidélité radicale et volontaire, où Christ devient la priorité absolue, même au prix de la souffrance ou du sacrifice. Ceux qui refusent ce chemin montrent qu’ils ne sont pas prêts à suivre Jésus pleinement, ce qui les rend “indignes” de lui.
C’est un message exigeant, mais il conduit à une vie véritable et éternelle, car “celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera” (Matthieu 10:39).
10:39 Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera.
“Conserver sa vie” :
Cela fait référence à une attitude centrée sur soi-même, où l’on cherche avant tout à préserver son confort, ses possessions, ou ses intérêts personnels, sans s’engager pleinement dans une quête de sens ou de don de soi. Jésus critique une vie vécue uniquement dans la recherche égoïste de sécurité ou de satisfaction terrestre.
“Perdre sa vie à cause de moi” :
Cela signifie être prêt à renoncer à ses propres désirs, à ses priorités matérielles ou même à risquer des difficultés pour suivre les enseignements de Jésus. Cela implique un engagement total envers une vie de foi, d’amour pour les autres et de don de soi, en accord avec les valeurs du Royaume de Dieu.
“La retrouvera” :
Paradoxalement, en renonçant à une vie centrée sur soi, on accède à une vie plus profonde et plus riche, orientée vers Dieu et le bien des autres. Cette vie “retrouvée” peut se manifester sur terre par une paix intérieure et une relation avec Dieu, et dans l’au-delà par la vie éternelle.
10:40 Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé.
Jésus affirme que recevoir ses disciples (les apôtres, les prophètes, ou tout croyant) équivaut à le recevoir lui-même, et donc à recevoir Dieu qui l’a envoyé. Cela met en lumière la continuité entre Dieu, Jésus, et ceux qui partagent l’Évangile.
10:41 Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste.
Jésus promet que ceux qui reconnaissent un prophète comme un véritable envoyé de Dieu et qui l’accueillent dans cette qualité recevront une bénédiction semblable à celle d’un prophète. De même, accueillir un juste (quelqu’un qui vit selon les principes de Dieu) en raison de son caractère pieux, procure une récompense correspondant à sa droiture.
10:42 Et quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense.
Actes d’amour, même simples : Jésus souligne ici qu’un geste aussi modeste qu’offrir un verre d’eau froide à un disciple, motivé par la reconnaissance de son lien avec Christ, est significatif pour Dieu.
Les “petits” disciples : L’expression “ces petits” désigne les disciples de Jésus, souvent perçus comme insignifiants ou vulnérables dans le monde. En les servant ou en les soutenant, on sert Christ lui-même.
Récompense assurée : Aucun acte de bonté accompli pour Christ, aussi humble soit-il, ne passe inaperçu ou n’est négligé par Dieu.