27:1 Dès que le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mourir.
27:2 Après l'avoir lié, ils l'emmenèrent, et le livrèrent à Ponce Pilate, le gouverneur.
Ce passage soulève une question importante : si les chefs religieux étaient unanimes dans leur décision de faire mourir Jésus, pourquoi ne l’ont-ils pas exécuté eux-mêmes ? Pourquoi l’ont-ils livré au gouverneur romain, Ponce Pilate ?
La réponse se trouve dans plusieurs éléments historiques et juridiques du contexte de l’époque.
Sous l’occupation romaine, les autorités juives avaient une certaine autonomie religieuse, mais elles ne pouvaient pas prononcer une peine capitale sans l’accord du représentant romain. Cela est confirmé dans l’Évangile de Jean (18:31), où les chefs juifs disent clairement à Pilate :
« Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort. »
Ainsi, même s’ils considéraient Jésus comme coupable de blasphème selon la loi juive, ils avaient besoin de Pilate pour obtenir une condamnation à mort officielle.
En livrant Jésus aux autorités romaines, les chefs religieux cherchaient à rendre sa mort plus “légitime” aux yeux du peuple et à éviter de porter eux-mêmes la responsabilité directe de l’exécution. Une condamnation par le gouverneur romain permettait aussi de dissuader tout soulèvement de la part des partisans de Jésus.
Devant le Sanhédrin, Jésus est accusé de blasphème (il a affirmé être le Fils de Dieu et le Messie). Mais Pilate, en tant que représentant de Rome, ne se soucie pas des affaires religieuses juives.
C’est pourquoi les chefs religieux modifient leur accusation devant Pilate. Dans Luc 23:2, ils disent :
« Nous avons trouvé cet homme excitant notre nation à la révolte, empêchant de payer l’impôt à César, et se disant lui-même Christ, roi. »
Ils présentent Jésus comme un rebelle politique, ce qui constitue un crime contre Rome. Leur but est clair : faire croire que Jésus représente un danger pour l’ordre public, afin que Pilate le condamne à mort comme un agitateur.
Les chefs religieux voulaient la mort de Jésus, mais n’avaient ni le pouvoir juridique, ni l’autorité politique pour l’exécuter. En livrant Jésus à Pilate, ils cherchent à obtenir une condamnation romaine, sous prétexte de rébellion, bien que leur véritable motif soit religieux : ils rejettent Jésus comme le Messie et ne supportent pas ses enseignements.
Ce moment tragique révèle à quel point l’opposition à Jésus était forte, mais aussi comment les événements ont été utilisés pour accomplir ce que Jésus avait lui-même annoncé :
« Le Fils de l’homme sera livré entre les mains des hommes ; ils le feront mourir, et le troisième jour il ressuscitera. » (Matthieu 17:22-23)
27:3 Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il était condamné, se repentit, et rapporta les trente pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens,
27:4 en disant: J'ai péché, en livrant le sang innocent. Ils répondirent: Que nous importe? Cela te regarde.
27:5 Judas jeta les pièces d'argent dans le temple, se retira, et alla se pendre.
Judas savait qu’il trahissait Jésus, bien sûr mais il n’avait peut-être pas mesuré les conséquences exactes de ce qu’il faisait. Il pensait peut-être que Jésus allait se défendre, s’échapper, ou que la situation serait contrôlée. Mais quand il voit que Jésus est condamné à mort, il réalise pleinement l’ampleur de son acte.
C’est là qu’il dit :
« J’ai péché en livrant le sang innocent »
À ce moment-là, la culpabilité le frappe de plein fouet, et il comprend qu’il a livré quelqu’un qui ne méritait aucune condamnation.
Les 30 pièces représentaient le prix de sa trahison. En les rapportant, Judas rejette cet argent sale, comme s’il voulait se débarrasser de la preuve de son crime. Il ne supporte plus ce qu’il a fait, et tente de faire un geste symbolique de regret.
Mais les chefs religieux lui répondent froidement :
« Que nous importe ? Cela te regarde. »
Ils ne veulent pas entendre parler de repentance ou de justice. Ils ont déjà ce qu’ils voulaient : la condamnation de Jésus.
Pourquoi Judas ne prie-t-il pas Dieu pour être pardonné ?
C’est l’une des questions les plus douloureuses. Judas avait connu Jésus de près, il avait entendu ses enseignements, vu ses miracles, il savait que Dieu est miséricordieux. Pourtant, il ne va pas vers Dieu.
Pourquoi ?
Parce que la culpabilité et le désespoir l’écrasent. À ce moment-là, il n’a plus d’espérance. Il est rempli de remords, mais pas de vraie repentance avec foi. Il se tourne vers les hommes (les chefs religieux), mais pas vers Dieu.
Pourquoi Judas se pend-il ?
Il est dévoré par la culpabilité, incapable de se pardonner, et n’ose pas aller vers Dieu. Le désespoir le mène au suicide.
C’est tragique, car Dieu aurait pu lui pardonner s’il était revenu avec foi, comme Pierre l’a fait après l’avoir renié. Pierre a aussi péché il a renié Jésus trois fois mais il a pleuré amèrement et s’est repenti, et Jésus l’a restauré.
Mais Judas, lui, n’a pas cru que le pardon était possible pour lui. Et le diable aime mener l’homme jusqu’à la mort, après lui avoir fait croire que le péché était sans conséquence.
Le diable pousse toujours vers la mort
« Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire » (Jean 10:10)
Le diable attire vers le péché, puis accuse, puis détruit.
27:6 Les principaux sacrificateurs les ramassèrent, et dirent: Il n'est pas permis de les mettre dans le trésor sacré, puisque c'est le prix du sang.
27:7 Et, après en avoir délibéré, ils achetèrent avec cet argent le champ du potier, pour la sépulture des étrangers.
27:8 C'est pourquoi ce champ a été appelé champ du sang, jusqu'à ce jour.
27:9 Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie, le prophète: Ils ont pris les trente pièces d'argent, la valeur de celui qui a été estimé, qu'on a estimé de la part des enfants d'Israël;
27:10 et il les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait ordonné.
Dans ce passage, Matthieu rapporte ce qu’il advient des trente pièces d’argent reçues par Judas Iscariote pour avoir trahi Jésus-Christ. Pris de remords, Judas les rend aux principaux sacrificateurs, déclarant avoir livré un sang innocent (Matthieu 27:4). Mais les chefs religieux refusent de se sentir responsables : « Que nous importe ? Cela te regarde. »
Les chefs religieux reconnaissent que cet argent est “impur” car il a servi à faire couler le sang d’un innocent : Jésus. Ils savent donc que l’argent provient d’un crime. Pourtant, cette prise de conscience ne les pousse pas à réparer leur faute, mais simplement à éviter une souillure rituelle en ne replaçant pas l’argent dans le trésor du Temple. Ils appliquent la loi extérieure, mais ferment les yeux sur leur propre injustice.
Ne pouvant réintégrer l’argent dans le Temple, ils décident de l’utiliser pour acheter un champ celui d’un potier destiné à enterrer les étrangers, c’est-à-dire les non-Juifs sans sépulture en terre sainte. Ce geste, bien qu’“utile”, est fait avec un argent marqué par la trahison. Le lieu devient alors chargé symboliquement.
Le champ devient connu comme “champ du sang” (en araméen Hakeldama), à cause de la manière dont il a été acquis. C’est un lieu de mémoire de la trahison et du sang innocent versé. Même des années plus tard, les gens s’en souviennent ainsi.
Matthieu relie cet événement à une prophétie attribuée à Jérémie. Il veut montrer que même ce geste tragique l’utilisation de l’argent de la trahison pour acheter un champ fait partie du plan de Dieu, annoncé longtemps auparavant. Jésus est “celui qui a été estimé”, méprisé par les hommes, mais choisi par Dieu.
27:11 Jésus comparut devant le gouverneur. Le gouverneur l'interrogea, en ces termes: Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répondit: Tu le dis.
27:12 Mais il ne répondit rien aux accusations des principaux sacrificateurs et des anciens.
27:13 Alors Pilate lui dit: N'entends-tu pas de combien de choses ils t'accusent?
27:14 Et Jésus ne lui donna de réponse sur aucune parole, ce qui étonna beaucoup le gouverneur.
Dans cette scène, nous voyons un face-à-face impressionnant : Jésus, le Roi des rois, comparait devant Pilate, un gouverneur romain représentant l’autorité de l’empire. C’est comme si le Créateur se tenait devant l’homme, le vrai Roi face à un pouvoir humain limité.
Et pourtant, Jésus ne se défend pas. Il accepte les accusations injustes, il garde le silence. Pourquoi ?
Parce qu’il le fait par obéissance à la volonté de Dieu, et surtout par amour.
Il ne cherche pas à sauver sa vie. Il sait que sa mission est d’aller jusqu’à la croix, pour accomplir le plan de salut. Son silence n’est pas une faiblesse, mais une preuve de sa force, de son humilité et de son amour infini pour nous.
27:15 A chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que demandait la foule.
27:16 Ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas.
27:17 Comme ils étaient assemblés, Pilate leur dit: Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus, qu'on appelle Christ?
27:18 Car il savait que c'était par envie qu'ils avaient livré Jésus.
Lors du procès de Jésus, un moment étonnant et profondément symbolique a lieu : le gouverneur romain, Ponce Pilate, propose à la foule de relâcher un prisonnier. Ce choix se fait pendant la fête de la Pâque juive, une fête centrale du judaïsme.
La Pâque juive (Pessa’h) commémore la sortie d’Égypte du peuple hébreu, libéré de l’esclavage sous la conduite de Moïse. C’est une fête de libération, de rédemption, et de passage (le mot “Pessa’h” signifie “passage”, car Dieu aurait “passé au-dessus” des maisons des Hébreux lors de la dernière plaie). Cette fête rappelle la puissance de Dieu qui sauve et libère.
Pourquoi cette coutume de relâcher un prisonnier ?
À cette occasion, il existait une coutume locale : le gouverneur romain relâchait un prisonnier au choix de la foule. Cette pratique, non présente dans la loi juive, servait à apaiser les tensions dans Jérusalem, remplie de pèlerins, et à montrer une forme de clémence de l’occupant romain. Elle permettait aussi aux autorités de manipuler l’opinion publique.
Qui est Barabbas ?
Barabbas est un criminel notoire. Les Évangiles disent qu’il a participé à une révolte contre Rome et qu’il a commis un meurtre. Il est donc dangereux.
Le choix entre Jésus et Barabbas
Pilate propose donc :
« Lequel voulez-vous que je vous relâche ? Barabbas, ou Jésus qu’on appelle le Christ ? »
C’est un choix très fort :
Jésus est innocent, porteur d’un message d’amour, de paix, et d’un Royaume de Dieu fondé sur le pardon.
Barabbas est un violent, un homme marqué par le sang.
Ce moment devient hautement symbolique : c’est le choix entre le Bien et le Mal, entre la lumière et l’ombre, entre le vrai Messie et un faux espoir brutal. La foule choisit Barabbas. L’humanité rejette alors celui qui vient pour la sauver.
Les chefs religieux n’ont pas livré Jésus parce qu’il était dangereux, mais parce qu’il était trop aimé, trop écouté. Il remettait en cause leur pouvoir, leur autorité. Il proposait une foi plus libre, plus proche de Dieu, sans passer obligatoirement par les règles ou les institutions en place
27:19 Pendant qu'il était assis sur le tribunal, sa femme lui fit dire: Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste; car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui.
Pendant le procès de Jésus, alors que Pilate était assis pour rendre son jugement, sa femme lui envoie un message urgent. Elle lui dit :
« Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste ; car aujourd’hui, j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. »
Ce verset est le seul moment dans toute la Bible où la femme de Pilate est mentionnée. Elle joue ici un rôle crucial : elle devient la dernière voix humaine à avertir Pilate.
Elle appelle Jésus « ce juste », ce qui montre qu’elle reconnaît son innocence.
Elle dit avoir souffert en rêve, ce qui signifie qu’elle a reçu un songe troublant, sans doute inspiré par Dieu.
Elle demande à son mari de ne pas s’impliquer dans ce jugement :
« Qu’il n’y ait rien entre toi et lui » = Ne participe pas à cette injustice.
27:20 Les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent à la foule de demander Barabbas, et de faire périr Jésus.
27:21 Le gouverneur prenant la parole, leur dit: Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche? Ils répondirent: Barabbas.
27:22 Pilate leur dit: Que ferai-je donc de Jésus, qu'on appelle Christ? Tous répondirent: Qu'il soit crucifié!
27:23 Le gouverneur dit: Mais quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent encore plus fort: Qu'il soit crucifié!
27:24 Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l'eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit: Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde.
27:25 Et tout le peuple répondit: Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants!
Dans ces versets on lit un moment très triste et choquant : le peuple choisit de libérer Barabbas, un criminel, et demande la mort de Jésus, qui n’a pourtant rien fait de mal.
Un peuple influencé, une haine sans raison
Les chefs religieux, ceux qui étaient censés guider le peuple vers Dieu, sont remplis de jalousie et de haine contre Jésus. Ils veulent sa mort et convainquent la foule de demander sa crucifixion. Pourtant, Jésus avait fait beaucoup de bien : il avait guéri, enseigné, nourri les foules. Mais ce jour-là, la foule choisit de libérer un voleur et de faire tuer celui qui est juste et innocent.
Cela montre une vérité difficile : le cœur humain, sans Dieu, peut rejeter même ce qui est bon et choisir le mal.
Pilate, le gouverneur romain, voit bien que Jésus n’a rien fait de mal. Il essaie de convaincre la foule, mais il a peur de perdre sa place et d’avoir des problèmes. Alors, pour se déresponsabiliser, il se lave les mains devant tout le monde et dit :
« Je ne suis pas responsable de sa mort. C’est votre choix. »
Mais cela ne change rien : il reste responsable. Il aurait pu faire ce qui était juste. Ce geste nous rappelle qu’on ne peut pas rejeter la faute sur les autres quand on laisse faire le mal.
Une phrase terrible : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants »
Quand Pilate dit qu’il ne veut pas porter la responsabilité de la mort de Jésus, la foule répond :
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! »
Autrement dit : « On assume les conséquences. »
Cette phrase est très grave. Certains pensent que cela explique les souffrances du peuple juif dans l’histoire. Mais ce n’est pas à nous de juger. Dieu ne condamne pas un peuple entier à cause d’un moment précis.
Chacun est responsable de ses propres choix, et dans cette histoire, les Juifs et les Romains partagent la responsabilité de la mort de Jésus. Et en réalité, c’est pour les péchés de toute l’humanité qu’il est mort, y compris les nôtres.
Jésus : calme, silencieux, prêt à donner sa vie
Dans tout ce moment injuste, Jésus reste calme. Il ne se défend pas, il ne se révolte pas. Il accepte de souffrir parce qu’il sait que c’est le plan de Dieu pour sauver l’humanité. Il est comme un agneau que l’on conduit à l’abattoir : silencieux, obéissant, pur. Il meurt non parce qu’il a péché, mais pour nous, pour que nos fautes soient pardonnées.
27:26 Alors Pilate leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.
La flagellation de Jésus marque le début de sa Passion, c’est-à-dire le chemin de souffrance qu’il accepte volontairement par amour pour l’humanité. Dans le langage chrétien, la Passion désigne l’ensemble des souffrances que Jésus endure depuis son arrestation jusqu’à sa mort sur la croix. Elle commence dès qu’il est livré, frappé, humilié et culmine à la crucifixion.
Ce n’est pas une souffrance subie par hasard, mais une mission qu’il accepte, pour sauver l’humanité du péché.
La flagellation, première étape du supplice
Après que la foule a choisi de libérer Barabbas, Pilate fait flageller Jésus. Cette scène, brève dans les Évangiles, est en réalité d’une violence extrême :
Les Romains utilisaient des fouets en cuir garnis de morceaux de métal ou d’os.
Le dos du condamné était lacéré jusqu’à l’os, parfois jusqu’à perdre connaissance.
C’était une torture publique, destinée à humilier et à terroriser.
Jésus commence à porter dans son corps les marques de la souffrance humaine.
Pourquoi la flagellation ?
Elle fait partie du processus normal de crucifixion chez les Romains :
Elle affaiblit le condamné avant la croix.
Elle humilie et intimide ceux qui regardent.
Parfois, elle suffisait même à tuer.
Un choix d’amour, non une faiblesse
Jésus ne se défend pas. Il ne fuit pas. Il accepte cette souffrance, non pas parce qu’il y est obligé, mais par amour :
« Personne ne me prend la vie, mais je la donne de moi-même. » (Jean 10:18)
Il entre ainsi dans la Passion par choix, par obéissance au Père, et pour le salut du monde.
Un message politique… et spirituel
Pour les Romains, la flagellation sert d’avertissement public :
Voilà ce qui arrive à ceux qui se prétendent “rois”. Mais pour les chrétiens, c’est bien plus qu’un avertissement politique. C’est un acte de rédemption.
« C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » (Ésaïe 53:5)
Chaque coup, chaque blessure, devient un signe d’amour, un prix payé pour notre salut.
27:27 Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte.
27:28 Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d'un manteau écarlate.
27:29 Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs!
27:30 Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête.
27:31 Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.
Dans ce passage, nous assistons à une scène poignante de la Passion de Jésus. Après avoir été condamné, Jésus est emmené par les soldats romains dans le prétoire, le lieu où réside le gouverneur. Là, toute une cohorte c’est-à-dire un grand groupe de soldats se rassemble autour de lui, non pour le juger, mais pour le ridiculiser et le faire souffrir.
Ils commencent par le déshabiller, un geste d’humiliation extrême, et lui mettent un manteau écarlate, comme s’il était un roi. Mais ce vêtement n’est pas un honneur, c’est une parodie. Ils veulent se moquer de lui parce qu’il est appelé “Roi des Juifs”.
Ils vont encore plus loin : ils tressent une couronne d’épines et la posent sur sa tête. Ce n’est pas une simple moquerie : les épines blessent son crâne, provoquent des douleurs vives et des saignements. Ils mettent un roseau dans sa main droite, comme un faux sceptre royal, et s’agenouillent devant lui, non pas avec respect, mais en le raillant : “Salut, roi des Juifs !”.
Puis, ils crachent sur lui, un geste de mépris total. Ils lui arrachent le roseau et le frappent à la tête, enfonçant davantage la couronne d’épines. Ils rient, ils se moquent, ils le traitent comme un objet, un jouet, un condamné sans dignité.
Enfin, une fois qu’ils se sont lassés de leur cruauté, ils lui enlèvent le manteau, lui remettent ses vêtements, et l’emmènent pour le crucifier.
27:32 Lorsqu'ils sortirent, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, appelé Simon, et ils le forcèrent à porter la croix de Jésus.
27:33 Arrivés au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne,
27:34 ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; mais, quand il l'eut goûté, il ne voulut pas boire.
Alors que Jésus, épuisé par la flagellation et la perte de sang, marche vers le lieu de son exécution, il chancelle sous le poids de la croix. Les soldats romains, pressés de terminer leur tâche, réquisitionnent un passant, Simon de Cyrène, un Juif venu d’Afrique du Nord pour la Pâque. Sans l’avoir choisi, Simon se retrouve à porter l’instrument du supplice du Fils de Dieu. Ce geste forcé l’associe pourtant à l’événement central du salut, rappelant que Dieu peut utiliser même un acte imposé pour accomplir ses plans.
La procession arrive enfin à Golgotha, « le lieu du crâne ». Ce nom sinistre évoque la mort et rappelle que c’est ici que s’achèvent les espérances humaines… mais que s’accomplira aussi le plan divin de rédemption. Golgotha est à l’extérieur des murs de Jérusalem, exposé aux regards de tous, un endroit choisi pour inspirer la peur et montrer la puissance romaine.
Là, avant de commencer la crucifixion, on tend à Jésus une coupe de vin mêlé de fiel un mélange amer, parfois utilisé comme léger anesthésiant pour engourdir la douleur. Jésus porte la coupe à ses lèvres, goûte, mais refuse de boire. Il choisit de rester pleinement conscient, de traverser la souffrance dans toute son intensité. Il ne veut rien qui atténue le prix à payer pour notre salut.
Ainsi, du chemin parcouru avec Simon de Cyrène jusqu’au refus du vin amer, tout annonce la détermination de Jésus à accomplir l’œuvre du Père. À Golgotha, il ira jusqu’au bout, sans fuir la douleur, pour que la victoire sur le péché et la mort soit complète.
27:35 Après l'avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort, afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète: Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma tunique.
27:36 Puis ils s'assirent, et le gardèrent.
Dans ce verset, un mot attire particulièrement notre attention : « crucifié ». Il est bref, mais à l’époque, il portait un poids immense.
La crucifixion était le supplice le plus cruel utilisé par les Romains. Réservée aux esclaves, aux criminels dangereux et aux rebelles, elle n’avait pas seulement pour but de mettre à mort, mais de faire souffrir longuement et d’humilier publiquement.
Concrètement, cela signifiait :
Le condamné était d’abord flagellé avec un fouet garni de métal ou d’os, qui lacérait la chair.
On lui faisait porter la poutre de la croix jusqu’au lieu d’exécution.
Arrivé là, il était cloué ou attaché aux bras et aux pieds. Les clous, traversant les poignets et les pieds, provoquaient des douleurs insupportables.
La croix était dressée et le condamné restait exposé aux regards et aux insultes.
La mort survenait très lentement, souvent après des heures ou même des jours, par épuisement et asphyxie : le condamné devait sans cesse se hisser sur ses pieds cloués pour respirer.
Être crucifié voulait donc dire : agoniser dans la douleur, dans la honte, sous les yeux de tous.
Quand Matthieu écrit simplement : « Après l’avoir crucifié », ses lecteurs savaient tout ce que ce mot impliquait. Le silence sur les détails souligne encore plus ce qui suit : alors que Jésus endure le pire des supplices, les soldats se contentent de tirer au sort ses vêtements.
Cela accomplit une prophétie très ancienne. En effet, dans le Psaume 22, écrit environ mille ans auparavant, David décrivait une souffrance qui dépassait la sienne. Il disait : « Ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort ma tunique » (Psaume 22:19). Les premiers chrétiens ont reconnu dans ces paroles une annonce de la passion du Messie.
Les soldats, en suivant leur coutume garder les vêtements du condamné comme butin ont sans le savoir réalisé cette prophétie. Comme la tunique de Jésus était d’une seule pièce et de bonne qualité, ils ne voulaient pas la déchirer. Ils ont donc tiré au sort pour savoir qui la prendrait.
Ainsi, ce qui arrive à Jésus n’est pas un hasard. Même dans les gestes banals des soldats, l’Écriture s’accomplit.
27:37 Pour indiquer le sujet de sa condamnation, on écrivit au-dessus de sa tête: Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.
À l’époque, les Romains affichaient au-dessus de la croix la raison officielle de la condamnation. C’était une manière d’humilier le condamné et d’avertir la foule : « Voilà ce qui arrive si vous agissez comme lui. »
Pour Jésus, l’inscription disait : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. » Aux yeux de Pilate, c’était ironique : « Voilà votre roi, et regardez comment il finit. » Aux yeux des chefs religieux, c’était une provocation, car ils avaient refusé Jésus comme roi. Mais aux yeux de Dieu, c’était une vérité profonde : Jésus est vraiment Roi, pas seulement des Juifs, mais de tous ceux qui croient en lui.
Si ce détail est mentionné dans tous les évangiles, c’est parce qu’il est important. Il montre que Jésus n’a pas été condamné pour un crime, mais parce qu’il affirmait être le Messie et le Roi promis. Cela accomplit les prophéties de l’Ancien Testament, qui annonçaient un roi rejeté par son peuple mais établi par Dieu.
Ainsi, même sur la croix, alors qu’il semble vaincu, Jésus est proclamé Roi. La croix devient en réalité son trône : il règne non pas par la force, mais par l’amour et par le don de sa vie.
27:38 Avec lui furent crucifiés deux brigands, l'un à sa droite, et l'autre à sa gauche.
27:39 Les passants l'injuriaient, et secouaient la tête,
27:40 en disant: Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même! Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix!
27:41 Les principaux sacrificateurs, avec les scribes et les anciens, se moquaient aussi de lui, et disaient:
27:42 Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même! S'il est roi d'Israël, qu'il descende de la croix, et nous croirons en lui.
27:43 Il s'est confié en Dieu; que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime. Car il a dit: Je suis Fils de Dieu.
27:44 Les brigands, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même manière.
Jésus est crucifié entre deux brigands. À l’époque, on plaçait au milieu celui que l’on considérait comme le pire criminel, celui qu’il fallait exposer à la honte publique. C’est là que les autorités romaines et religieuses ont voulu placer Jésus : comme si sa faute était plus grande que celle des autres. Mais en réalité, il n’avait rien fait. Ce choix n’est pas un hasard : il accomplit la prophétie d’Ésaïe qui disait que le Serviteur de Dieu serait “compté parmi les malfaiteurs”. En prenant la place centrale, Jésus porte symboliquement la condamnation des hommes et s’identifie à eux pour leur offrir le salut.
Autour de lui, la foule passe et se moque. Les gens se rappellent de ses paroles sur le temple et l’accusent de mensonge. Ils l’invitent à prouver sa divinité en descendant de la croix. Mais ils ne comprennent pas que le véritable accomplissement est justement de rester sur la croix. Si Jésus se sauvait lui-même, il ne pourrait pas sauver l’humanité. L’amour l’attache plus fortement aux clous que le métal lui-même.
Les chefs religieux, eux aussi, se joignent aux moqueries. Ils répètent avec ironie : “Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même!” En réalité, leurs paroles sont vraies, mais pas comme ils le pensent. S’il ne se sauve pas, c’est précisément pour sauver les autres. Leur incrédulité révèle qu’ils attendent un Messie triomphant selon leurs attentes humaines, pas un Messie souffrant et humilié.
Même les brigands crucifiés avec lui se mettent à l’insulter. Jésus est donc totalement abandonné : rejeté par le peuple, méprisé par les chefs, insulté même par ceux qui partagent sa souffrance. C’est l’image de l’isolement absolu, où personne ne reconnaît ce qu’il est en train d’accomplir. Pourtant, au cœur de cette scène, Dieu est en train de réaliser son plan : c’est par cette mort que le pardon et la vie éternelle vont être rendus possibles.
Ainsi, ce passage montre le contraste entre la vision humaine et la vision divine. Les hommes voient un condamné sans pouvoir, humilié, et s’en moquent. Dieu voit son Fils obéissant jusqu’au bout, accomplissant l’œuvre du salut. La croix, signe de honte aux yeux des hommes, devient le centre de la victoire et de la réconciliation entre Dieu et l’humanité.
27:45 Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième, il y eut des ténèbres sur toute la terre.
27:46 Et vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte: Éli, Éli, lama sabachthani? c'est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?
27:47 Quelques-un de ceux qui étaient là, l'ayant entendu, dirent: Il appelle Élie.
27:48 Et aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge, qu'il remplit de vinaigre, et, l'ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire.
27:49 Mais les autres disaient: Laisse, voyons si Élie viendra le sauver.
27:50 Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l'esprit.
De la sixième heure jusqu’à la neuvième (midi à 15h), des ténèbres couvrent la terre. Ce signe n’est pas seulement un phénomène naturel : dans la Bible, les ténèbres sont le symbole du jugement de Dieu et de la séparation d’avec Lui. Pendant ces trois heures, Jésus ne souffre pas seulement physiquement, mais il porte le poids du péché du monde entier et subit la colère de Dieu à notre place.
À la neuvième heure, Jésus s’écrie : « Éli, Éli, lama sabachthani ? » c’est-à-dire « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Ces paroles viennent du Psaume 22, un psaume prophétique qui décrit la souffrance du Messie. Jésus exprime le sentiment d’abandon parce qu’il est chargé de nos fautes. Dieu le Père détourne sa face, non parce qu’il cesse de l’aimer, mais parce que Jésus, devenu « péché pour nous » (2 Corinthiens 5:21), subit la séparation que provoque le péché.
Certains spectateurs pensent qu’il appelle le prophète Élie. Alors, un soldat romain, dans un élan de compassion ou par curiosité, trempe une éponge dans du vinaigre la boisson aigre des soldats et la tend à Jésus. Plus tôt, Jésus avait refusé du vin mêlé de myrrhe, qui aurait atténué sa douleur. Mais cette fois, il accepte le vinaigre, non pour se soulager, mais afin d’accomplir l’Écriture : « Pour apaiser ma soif, ils m’ont donné du vinaigre » (Psaume 69:22).
Puis Jésus pousse un grand cri. D’après l’évangile de Jean, ce cri est : « Tout est accompli ! » Ce n’est pas un cri de défaite, mais de victoire : il déclare que son œuvre est achevée, que la rédemption est accomplie. Enfin, il « rend l’esprit ». Contrairement aux autres crucifiés, il ne meurt pas d’épuisement progressif. Il choisit volontairement le moment de sa mort, comme il l’avait dit : « Personne ne m’ôte la vie, mais je la donne de moi-même » (Jean 10:18).
Ainsi, dans ce passage, nous voyons que la mort de Jésus n’est pas un accident ni une faiblesse, mais un acte d’amour et d’obéissance. Les ténèbres montrent la gravité du péché, le cri révèle l’intensité de son abandon, le vinaigre accomplit la prophétie, et sa mort volontaire manifeste la victoire de Dieu sur le mal.
27:51 Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent,
27:52 les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent.
27:53 Étant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes.
27:54 Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, furent saisis d'une grande frayeur, et dirent: Assurément, cet homme était Fils de Dieu.
Au moment où Jésus rend l’esprit, des signes puissants et surnaturels se produisent, chacun porteur d’un message spirituel profond.
Le voile du Temple se déchire en deux, du haut jusqu’en bas.
Ce voile n’était pas un simple rideau : il mesurait près de 18 mètres de haut, 9 mètres de large et avait une épaisseur de plusieurs centimètres. Il séparait le Lieu saint du Saint des Saints, là où résidait la présence de Dieu, inaccessible aux hommes. Seul le grand prêtre y entrait une fois par an, au jour du Grand Pardon (Yom Kippour).
Quand il se déchire, et de haut en bas (signe que l’action vient de Dieu et non des hommes), cela signifie que la séparation entre Dieu et l’humanité est abolie. Par le sacrifice de Jésus, l’accès à la présence de Dieu est désormais ouvert à tous les croyants. Ce signe annonce la fin de l’ancienne alliance et l’ouverture d’une nouvelle alliance fondée sur le sang du Christ.
La terre tremble, les rochers se fendent.
La création elle-même réagit à la mort du Fils de Dieu. Ces phénomènes naturels expriment la gravité cosmique de l’événement : le ciel et la terre sont ébranlés, comme pour témoigner que quelque chose d’unique et d’universel vient de s’accomplir.
Les sépulcres s’ouvrent et plusieurs saints ressuscitent.
L’Évangile précise qu’après la résurrection de Jésus, ces croyants sortent de leurs tombeaux et apparaissent à beaucoup dans Jérusalem. On ne connaît ni leur nombre ni leurs noms, mais ils représentent les fidèles de l’ancienne alliance. Ce signe extraordinaire montre que la mort est vaincue : Jésus, « prémices de ceux qui se sont endormis » (1 Corinthiens 15:20), inaugure la résurrection finale des croyants. Les tombeaux qui s’ouvrent préfigurent l’espérance de la vie éternelle pour tous ceux qui mettent leur foi en lui.
Le centenier romain et ses soldats témoignent.
Le centenier, un officier qui commandait environ cent hommes, était chargé de surveiller l’exécution. Habitué aux crucifixions, il est bouleversé par ce qu’il voit : les ténèbres, le tremblement de terre, et surtout la manière dont Jésus meurt. Lui et ses hommes confessent :
« Assurément, cet homme était Fils de Dieu. » Ainsi, même un païen reconnaît ce que beaucoup en Israël ont refusé d’admettre. Cela annonce déjà que la foi au Christ s’ouvrira aux nations, et pas seulement au peuple juif.
27:55 Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin; qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir.
27:56 Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.
Au moment de la crucifixion, l’évangéliste Matthieu souligne la présence de plusieurs femmes qui regardaient de loin. Elles avaient accompagné Jésus depuis la Galilée et l’avaient servi durant son ministère. Leur présence n’est pas un détail secondaire : Matthieu veut montrer qu’elles jouent un rôle important et courageux à un moment où beaucoup d’hommes, même les apôtres, ont fui par peur.
Leur fidélité courageuse
Les disciples hommes s’étaient dispersés (Matthieu 26:56), à l’exception de Jean qui, selon son propre Évangile, est resté près de la croix. Ces femmes, elles, sont restées témoins de la souffrance de Jésus, malgré le danger et la douleur. Leur attitude traduit une fidélité silencieuse mais ferme.
Une fidélité silencieuse mais active
Elles ne parlent pas beaucoup dans les récits, mais elles agissent : elles suivent Jésus, elles le servent, elles préparent des aromates pour son ensevelissement, et elles seront les premières à aller au tombeau. Contrairement aux apôtres, souvent préoccupés par des discussions ou des promesses qu’ils ne tiennent pas (comme Pierre), ces femmes incarnent une fidélité humble, discrète et persévérante.
Les femmes mentionnées
Marie de Magdala (Marie-Madeleine) : originaire de Magdala, délivrée par Jésus de sept démons (Luc 8:2). Elle a suivi le Maître comme disciple et a soutenu son ministère. Elle deviendra le premier témoin de la Résurrection (Jean 20:11-18).
Marie, mère de Jacques et de Joseph : appelée aussi « Marie, mère de Jacques le petit et de Joses » (Marc 15:40). Son fils Jacques le Mineur fait partie des Douze apôtres.
La mère des fils de Zébédée : il s’agit de Salomé, la mère de Jacques et Jean, apôtres et fils de Zébédée.
27:57 Le soir étant venu, arriva un homme riche d'Arimathée, nommé Joseph, lequel était aussi disciple de Jésus.
27:58 Il se rendit vers Pilate, et demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna de le remettre.
27:59 Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc,
27:60 et le déposa dans un sépulcre neuf, qu'il s'était fait tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l'entrée du sépulcre, et il s'en alla.
27:61 Marie de Magdala et l'autre Marie étaient là, assises vis-à-vis du sépulcre.
Matthieu précise qu’« un homme riche d’Arimathée, nommé Joseph » vint demander le corps de Jésus. Il ne dit pas simplement
« Joseph », mais insiste sur sa richesse, afin de rappeler la prophétie d’Ésaïe : « On a mis son tombeau avec le riche » (Ésaïe 53:9). Joseph d’Arimathée était un notable, membre du sanhédrin, et aussi disciple de Jésus en secret. C’est parce qu’il avait ce statut élevé qu’il put se présenter devant Pilate pour réclamer le corps. Pilate accepta, car Jésus était déjà mort et parce que Joseph était un homme respecté.
Joseph prit alors le corps et l’enveloppa d’un linceul blanc. Le lin blanc était le tissu pur utilisé selon la coutume juive pour ensevelir les morts, symbole de dignité et de pureté. Ainsi, Jésus, bien qu’exécuté comme un criminel, reçoit un traitement honorable, digne d’un roi.
Il déposa ensuite Jésus dans un sépulcre neuf, taillé dans le roc. Personne n’y avait jamais été déposé, ce qui mettait Jésus à part et évitait toute confusion. Là encore, cela correspond à l’annonce prophétique selon laquelle le Messie reposerait dans un tombeau nouveau, séparé des autres.
Joseph fit ensuite rouler une grande pierre devant l’entrée. Les sépulcres taillés dans la roche étaient fermés par une pierre circulaire, semblable à une énorme meule, pesant souvent plusieurs centaines de kilos. Il fallait plusieurs hommes pour la déplacer. Cette pierre avait une fonction pratique : protéger le corps des animaux et des profanations, et sceller le lieu de repos. Elle préparera aussi le signe éclatant de la Résurrection, quand elle sera retrouvée roulée au matin de Pâques.
Enfin, Matthieu mentionne la présence de Marie de Magdala et de l’autre Marie, assises vis-à-vis du sépulcre. Les disciples hommes sont absents, dispersés par peur. Mais ces deux femmes veillent, silencieuses, fidèles, attentives. Leur présence est décisive : elles savent exactement où Jésus a été déposé et pourront témoigner sans équivoque du tombeau vide.
27:62 Le lendemain, qui était le jour après la préparation, les principaux sacrificateurs et les pharisiens allèrent ensemble auprès de Pilate,
27:63 et dirent: Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore: Après trois jours je ressusciterai.
27:64 Ordonne donc que le sépulcre soit gardé jusqu'au troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas dérober le corps, et dire au peuple: Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première.
27:65 Pilate leur dit: Vous avez une garde; allez, gardez-le comme vous l'entendrez.
27:66 Ils s'en allèrent, et s'assurèrent du sépulcre au moyen de la garde, après avoir scellé la pierre.
Le lendemain de la crucifixion, c’est-à-dire le jour après la préparation du sabbat, les principaux sacrificateurs et les pharisiens se rendent auprès de Pilate. Même après la mort de Jésus, ils demeurent préoccupés par son influence. Ils se rappellent en effet qu’il avait dit :
« Après trois jours, je ressusciterai. » Non pas qu’ils croient à la réalité de cette promesse, mais ils craignent que les disciples n’exploitent cette parole pour tromper le peuple.
Ils demandent donc que le tombeau soit gardé. Leur peur n’est pas la résurrection elle-même, mais une éventuelle fraude : ils redoutent que les disciples volent le corps et proclament que Jésus est vivant. Voilà pourquoi ils ajoutent : « Cette dernière imposture serait pire que la première. » Selon eux, la « première imposture » était le ministère de Jésus, ses enseignements et ses miracles qu’ils jugeaient mensongers. Mais si la nouvelle d’une résurrection circulait, cela donnerait encore plus de force à son message, et le mouvement deviendrait incontrôlable.
Pilate leur accorde alors une garde : « Vous avez une garde, allez, gardez-le comme vous l’entendrez. » Les autorités juives et romaines s’unissent ainsi pour assurer que le tombeau reste inviolé. La pierre qui fermait le sépulcre est scellée, probablement avec un sceau officiel romain, afin que toute tentative d’ouverture soit immédiatement visible et considérée comme un crime contre l’Empire. Des soldats sont postés devant pour surveiller jour et nuit.
Mais ce qui est frappant, c’est l’ironie de la scène. En voulant empêcher une supposée fraude, les chefs religieux renforcent sans le savoir la crédibilité du miracle à venir. Car lorsque le tombeau sera retrouvé vide, personne ne pourra accuser les disciples d’avoir volé le corps : la pierre était scellée, des gardes armés veillaient, et l’autorité de Rome garantissait la sécurité du lieu.