26:1 Lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples:
26:2 Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours, et que le Fils de l'homme sera livré pour être crucifié.
26:3 Alors les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple se réunirent dans la cour du souverain sacrificateur, appelé Caïphe;
26:4 et ils délibérèrent sur les moyens d'arrêter Jésus par ruse, et de le faire mourir.
26:5 Mais ils dirent: Que ce ne soit pas pendant la fête, afin qu'il n'y ait pas de tumulte parmi le peuple.
Ce début de chapitre n’est pas anodin. Il marque une transition solennelle dans la mission de Jésus. Il a terminé tous ses discours, c’est-à-dire tout ce qu’il avait à enseigner à ses disciples et au peuple. Il a parlé du Royaume de Dieu, de la repentance, de l’amour, du pardon, du jugement, de la fin des temps… Il a tout transmis, tout annoncé. La parole est donnée il ne reste plus qu’à l’accomplir. Jésus entre maintenant dans la dernière phase de sa mission : donner sa vie. Et il l’annonce avec calme, autorité et lucidité :
« Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours, et que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié. » (v.2)
Il ne parle ni dans la peur, ni dans l’agitation. Il ne se cache pas. Il ne panique pas. Il sait ce qui vient, et il l’accepte, dans une paix profonde, parce qu’il est pleinement soumis à la volonté de son Père. Et ce n’est pas un hasard si cela doit arriver pendant la Pâque. Cette fête commémore la sortie d’Égypte, lorsque le sang d’un agneau innocent avait permis aux Israélites d’être épargnés. Jésus choisit ce moment précis pour se livrer lui-même, car il est l’Agneau parfait, envoyé pour nous délivrer non d’un esclavage humain, mais du péché et de la mort.
Pendant ce temps, les principaux sacrificateurs et les anciens se réunissent pour chercher un moyen rusé d’arrêter Jésus et de le faire mourir. Mais ils disent :
« Pas pendant la fête, pour qu’il n’y ait pas de tumulte parmi le peuple. » (v.5)
Ils veulent éviter les foules, les réactions, les problèmes. Ils cherchent un moment discret. Mais Dieu a choisi ce moment-là, précisément, pour accomplir son plan.
26:6 Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,
26:7 une femme s'approcha de lui, tenant un vase d'albâtre, qui renfermait un parfum de grand prix; et, pendant qu'il était à table, elle répandit le parfum sur sa tête.
26:8 Les disciples, voyant cela, s'indignèrent, et dirent: A quoi bon cette perte?
26:9 On aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux pauvres.
26:10 Jésus, s'en étant aperçu, leur dit: Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? Elle a fait une bonne action à mon égard;
26:11 car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours.
26:12 En répandant ce parfum sur mon corps, elle l'a fait pour ma sépulture.
26:13 Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a fait.
Alors que Jésus approche de la fin de sa vie terrestre, il se rend à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux. Ce lieu, bien que modeste, devient un lieu sacré, un espace intime où va s’exprimer un des gestes les plus profonds de l’Évangile.
Béthanie, dont le nom signifie probablement maison de l’affligé, représente ici le cœur humble et ouvert, loin de l’agitation de Jérusalem. C’est dans ce cadre que se révèle la foi authentique, à travers une femme dont le nom n’est même pas mentionné mais dont l’acte va traverser les siècles.
Simon, appelé “le lépreux”, est sans doute un homme guéri par Jésus, mais qui garde le souvenir de son ancienne condition. Il est un ex-rejeté devenu hôte du Christ un symbole fort de la grâce : ce que le monde exclut, Jésus l’habite.
Dans cette maison, une femme s’approche de Jésus avec un vase d’albâtre contenant un parfum de grand prix. Elle ne dit rien, elle n’argumente pas, elle aime. Par ce geste, elle verse sur la tête du Christ tout ce qu’elle a de plus précieux. Son acte est pur, total, inutile aux yeux des hommes, mais essentiel aux yeux de Dieu.
Face à elle, les disciples, pourtant proches de Jésus, s’indignent. Ils voient la dépense, pas l’amour. Ils raisonnent selon le monde : « On aurait pu vendre ce parfum et en donner le prix aux pauvres. » Leur réaction est logique, charitable même, mais passe à côté de l’essentiel.
Jésus alors révèle la profondeur du geste :
« Elle a fait une bonne action à mon égard. Elle a préparé mon corps pour la sépulture. »
Cette femme, sans le dire, a compris ce que les disciples ne saisissent pas encore : la souffrance, la mort, la nécessité d’aimer jusqu’au bout. Elle discernait dans l’Esprit ce qui était en train d’arriver. Et Jésus conclut par une parole bouleversante :
« Partout où cette Bonne Nouvelle sera prêchée, on racontera aussi, en mémoire de cette femme, ce qu’elle a fait. »
Jésus lui donne une reconnaissance éternelle
26:14 Alors l'un des douze, appelé Judas Iscariot, alla vers les principaux sacrificateurs,
26:15 et dit: Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? Et ils lui payèrent trente pièces d'argent.
26:16 Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour livrer Jésus.
Juste avant, Jésus est oint de parfum par une femme dans une maison à Béthanie. Certains disciples notamment Judas selon l’Évangile de Jean s’indignent de ce geste qu’ils jugent excessif et inutile. Jésus, au contraire, le défend comme un acte d’amour et de préparation à sa sépulture. Ce moment semble marquer une rupture pour Judas. Il réalise peut-être que Jésus n’est pas le Messie conquérant qu’il attendait, et qu’il ne tirera aucun profit politique ou matériel de sa relation avec lui. Cette frustration pourrait expliquer son geste.
C’est Judas lui-même qui prend l’initiative de la trahison. Il ne répond pas à une sollicitation extérieure, il va de son plein gré trouver les chefs religieux et leur dit :
"Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? Et ils lui payèrent trente pièces d'argent"
Par cette phrase, Judas révèle son intention de marchander la vie de Jésus. Il espère probablement en tirer un bon prix. Pourtant, les chefs religieux lui offrent trente pièces d’argent, une somme modeste. Dans l’Ancien Testament (Exode 21:32), c’est le prix fixé pour un esclave blessé. Autrement dit, on attribue à Jésus une valeur dérisoire. Ce n’est pas seulement une trahison, c’est une humiliation.
Ce chiffre fait aussi écho à une prophétie du livre de Zacharie (11:12-13), où le prophète reçoit trente pièces d’argent, qu’il jette ensuite dans le temple, symbole de mépris. Matthieu verra plus tard dans ce geste l’accomplissement de cette prophétie, lorsque Judas, pris de remords, rendra l’argent et le jettera dans le temple avant de se donner la mort.
26:17 Le premier jour des pains sans levain, les disciples s'adressèrent à Jésus, pour lui dire: Où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque?
26:18 Il répondit: Allez à la ville chez un tel, et vous lui direz: Le maître dit: Mon temps est proche; je ferai chez toi la Pâque avec mes disciples.
26:19 Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné, et ils préparèrent la Pâque.
La maîtrise de Jésus sur les événements
Jésus ne subit pas les circonstances : il les oriente délibérément. Il sait que le moment de sa passion approche et il en prend l’initiative. Il commande les préparatifs, comme un roi qui contrôle le déroulement du plan divin. Cela montre qu’il n’est pas victime d’un piège, mais qu’il entre volontairement dans sa mission.
Le lien avec l’Ancien Testament
La Pâque est une fête juive qui commémore la libération d’Israël d’Égypte. Jésus s’inscrit pleinement dans cette tradition, mais il va lui donner un sens nouveau. À travers lui, la Pâque devient le signe d’une nouvelle libération, non plus de l’esclavage physique, mais du péché et de la mort.
L’entrée dans les moments les plus graves et sacrés
Ce passage annonce l’entrée dans les dernières heures de la vie de Jésus. Ce sont des moments lourds, solennels, qui conduisent à la Cène, la trahison, la croix, et enfin la résurrection. Le fait que Jésus dise : « Mon temps est proche » montre que l’heure de son sacrifice arrive, et il s’y prépare avec ses disciples dans un cadre intime et sacré.
Le début d’un mystère fondamental du christianisme
En célébrant cette Pâque, Jésus institue la Cène : le pain et le vin, qui deviendront dans la tradition chrétienne les signes de sa présence et de son offrande. Ce repas annonce la croix et la résurrection, qui sont le cœur de la foi chrétienne. Ainsi, ce moment prépare le mystère de la rédemption.
26:20 Le soir étant venu, il se mit à table avec les douze.
26:21 Pendant qu'ils mangeaient, il dit: Je vous le dis en vérité, l'un de vous me livrera.
26:22 Ils furent profondément attristés, et chacun se mit à lui dire: Est-ce moi, Seigneur?
26:23 Il répondit: Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c'est celui qui me livrera.
26:24 Le Fils de l'homme s'en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme est livré! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût pas né.
26:25 Judas, qui le livrait, prit la parole et dit: Est-ce moi, Rabbi? Jésus lui répondit: Tu l'as dit.
Alors que le soir tombe et que Jésus partage son dernier repas avec les douze, une scène d’une intensité bouleversante se déroule. Le Seigneur, parfaitement conscient de ce qui l’attend la souffrance, l’abandon, la croix reste pourtant rempli d’amour pour chacun de ses disciples. Il s’assied avec eux, y compris avec celui qui va le trahir. Rien n’échappe à sa connaissance divine. Il connaît les pensées, les intentions, les failles de chacun. Et pourtant, il demeure là, humble, doux, fidèle à sa mission de salut, jusqu’au bout.
Lorsqu’il annonce : « L’un de vous me livrera », une tristesse profonde saisit les disciples. Leurs cœurs sont bouleversés, et chacun s’examine avec humilité : « Est-ce moi, Seigneur ? ». Leur réponse révèle un attachement sincère. Ils reconnaissent Jésus comme leur Seigneur celui qui a autorité sur leur vie, qu’ils aiment et suivent malgré leurs faiblesses.
Mais Judas, lui, parle différemment. Il ne dit pas Seigneur, mais Rabbi Maître, enseignant. Ce mot, plus distant, révèle un cœur non transformé. Judas n’a pas reconnu en Jésus le Fils de Dieu, le Seigneur digne d’être adoré. Il l’a suivi comme on suit un maître moral, mais sans foi vivante, sans soumission réelle. Il est resté extérieur à la grâce, malgré les années passées auprès du Sauveur.
Et pourtant, Jésus l’aime jusqu’au bout. Il ne le rejette pas brusquement. Il lui tend encore la vérité : « Tu l’as dit ». Par ces paroles sobres, il met Judas face à sa conscience, espérant jusqu’au dernier instant qu’il se repente. Même face à la trahison, Jésus garde un cœur aimant, ouvert, miséricordieux. Il ne dénonce pas brutalement devant les autres. Il protège, il sonde, il appelle, dans le secret d’une parole personnelle.
Cette scène met en lumière l’amour infini de Dieu, qui ne cesse d’aimer même ceux qui l’abandonnent. Mais elle rappelle aussi que l’amour n’annule pas la responsabilité. Jésus dit avec gravité : « Malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux vaudrait pour lui qu’il ne fût pas né. » Il n’existe pas de neutralité devant Jésus-Christ : soit on le confesse comme Seigneur, soit on le trahit, par indifférence, hypocrisie ou rejet.
26:26 Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps.
26:27 Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous;
26:28 car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés.
La Cène est le dernier repas que Jésus partage avec ses disciples avant sa crucifixion. Le mot « Cène » vient du latin cena, qui signifie repas du soir. Ce moment est bien plus qu’un simple repas : Jésus y donne une portée spirituelle et prophétique, en instituant un rite central pour les chrétiens.
Pendant le repas, Jésus prend du pain, remercie Dieu, le rompt et le donne aux disciples en disant :
« Prenez, mangez, ceci est mon corps. »
Ce geste du pain rompu symbolise son corps livré, battu, crucifié. Jésus annonce ainsi ce qui va se passer le lendemain : il va donner sa vie pour l’humanité. Rompre le pain, c’est montrer son sacrifice volontaire, et le partager, c’est inviter les croyants à s’unir à lui.
Jésus prend ensuite une coupe de vin et dit :
« Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. »
Le vin représente le sang de Jésus, versé lors de sa crucifixion. Dans la Bible, le sang représente la vie, et verser son sang signifie donner sa vie en sacrifice.
Ce sang marque la nouvelle alliance entre Dieu et les hommes :
Une alliance non plus basée sur la loi ou les sacrifices d’animaux,
Mais sur la foi en Jésus-Christ, l’agneau de Dieu, offert une fois pour toutes.
L’expression « pour plusieurs » ne signifie pas que le sacrifice est limité, mais qu’il est offert à tous, et reçu par ceux qui croient. C’est une manière biblique de dire que le salut est disponible, mais que chacun doit l’accepter personnellement par la foi.
La rémission signifie le pardon, l’effacement, l’annulation des péchés.
Par son sang, Jésus purifie le cœur du croyant et enlève le poids du péché. Son sang ne couvre pas seulement, il purifie totalement, il efface.
Grâce à Jésus, ce pardon est complet et gratuit pour ceux qui croient.
26:29 Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où j'en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.
26:30 Après voir chanté les cantiques, ils se rendirent à la montagne des oliviers.
Par cette déclaration, Jésus annonce clairement que c’est la dernière fois qu’il partage le vin avec ses disciples avant sa mort. Ce vin, dans le contexte de la Cène, symbolise son sang, versé pour le pardon des péchés un signe de la nouvelle alliance qu’il vient établir entre Dieu et l’humanité. Mais Jésus ne parle pas seulement de son départ. Il ouvre une perspective vers l’avenir, vers une joie à venir, un repas futur dans la gloire du Royaume de Dieu.
Le vin dont il parle à ce moment-là n’est pas simplement du vin terrestre : il représente la communion pleine et parfaite avec ses disciples, une communion qui sera rétablie dans le Royaume après la résurrection, à la fin des temps. On peut y voir l’annonce du festin messianique, prophétisé par les Écritures (Ésaïe 25:6), où Dieu réunira son peuple pour une fête de paix, de victoire et de joie éternelle.
Ce “vin nouveau”, que Jésus boira à nouveau avec les siens, est donc le symbole d’une alliance accomplie, d’une victoire sur la mort, et d’un Royaume pleinement établi. Il ne s’agit pas d’un simple geste répété, mais d’une promesse : celle qu’un jour, il reviendra, et qu’il partagera à nouveau la joie parfaite avec ceux qui lui appartiennent.
Après avoir prononcé ces paroles, l’Évangile nous dit :
« Après avoir chanté les cantiques, ils se rendirent à la montagne des Oliviers. » (Matthieu 26:30)
La Montagne des Oliviers n’est pas un lieu anodin. Elle est chargée de symboles dans la Bible. C’est là que Jésus va prier avec une intensité extrême, dans le jardin de Gethsémané, quelques instants avant son arrestation. C’est un lieu de solitude, de lutte spirituelle, où Jésus exprime son humanité, demandant que « cette coupe s’éloigne » de lui, mais acceptant la volonté du Père.
Mais la Montagne des Oliviers est aussi un lieu prophétique. Dans l’Ancien Testament, le prophète Zacharie annonce que, dans les derniers temps, le Messie se tiendra sur cette montagne (Zacharie 14:4). C’est également de là que Jésus montera au ciel après sa résurrection (Actes 1:9-12), et les anges promettent qu’il reviendra de la même manière. Ainsi, cette montagne devient le symbole du passage entre la mission terrestre de Jésus et son retour glorieux.
26:31 Alors Jésus leur dit: Je serai pour vous tous, cette nuit, une occasion de chute; car il est écrit: Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées.
26:32 Mais, après que je serai ressuscité, je vous précèderai en Galilée.
Alors que Jésus vient de terminer le dernier repas avec ses disciples, il leur annonce quelque chose de bouleversant :
« Cette nuit, vous allez tous être ébranlés à cause de moi. »
Il cite alors une ancienne prophétie du livre de Zacharie :
« Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. » (Zacharie 13:7)
Cette prophétie allait s’accomplir.
Lui, le bon berger, qui avait pris soin de ses brebis, qui les avait appelées chacune par leur nom, qui avait marché devant elles avec amour et patience… devait maintenant être frappé pour elles.
C’est-à-dire : mourir à leur place, pour leur ouvrir le chemin de la vie.
Mais quand ses disciples, ces brebis faibles, simples et souvent effrayées, verraient leur maître arrêté et condamné, ils seraient perdus. Ils fuiraient, se dispersant comme un troupeau effrayé qui abandonne son guide.
Mais Jésus ne les condamne pas. Au contraire, il pense déjà à leur relèvement.
Il leur dit avec tendresse et assurance :
« Après ma résurrection, je vous précèderai en Galilée. »
Cela veut dire : “Je vais mourir, oui. Mais je vais revenir à la vie. Et je vous donne rendez-vous en Galilée. Je vous y attends.”
Même dans l’épreuve, le bon Berger reste fidèle. Il sait que ses brebis vont être désorientées, mais il leur donne déjà un lieu pour se rassembler à nouveau.
Un point de rencontre après la douleur.
Un centre de paix après la peur.
Il irait devant eux en Galilée, comme au début, pour les rétablir, les rassurer et les envoyer à nouveau dans le monde.
26:33 Pierre, prenant la parole, lui dit: Quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi.
26:34 Jésus lui dit: Je te le dis en vérité, cette nuit même, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois.
26:35 Pierre lui répondit: Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas. Et tous les disciples dirent la même chose.
Pierre est sincère. Il est profondément attaché à Jésus. Mais voilà : il s’appuie sur ses sentiments, sur son propre amour, au lieu de s’appuyer sur la force de Dieu.
C’est une erreur que nous faisons tous à un moment donné : croire que notre volonté suffit pour rester fidèles à Dieu. Mais la Bible nous montre que le cœur humain, même sincère, est faible quand il est livré à lui-même.
Pierre pensait être prêt à affronter la mort pour son Maître… mais il ne savait pas encore combien son propre “moi” le trahirait. Et comme le dit ce texte :
“Il ne savait pas que son moi, sur lequel il comptait pour manifester à Jésus son grand attachement, allait l’engager dans le chemin de la défaite.”
Le problème de Pierre n’était pas l’hypocrisie, c’était l’illusion de sa force. Il ne s’est pas méfié de lui-même. Il n’a pas écouté l’avertissement de Jésus. Et quand l’épreuve est arrivée, il a flanché dès la première attaque.
Jésus n’a pas condamné Pierre. Il l’a averti, puis il l’a relevé. Il a permis cette chute pour que Pierre apprenne par l’expérience ce que la Parole enseigne : que nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes
26:36 Là-dessus, Jésus alla avec eux dans un lieu appelé Gethsémané, et il dit aux disciples: Asseyez-vous ici, pendant que je m'éloignerai pour prier.
26:37 Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, et il commença à éprouver de la tristesse et des angoisses.
26:38 Il leur dit alors: Mon âme est triste jusqu'à la mort; restez ici, et veillez avec moi.
26:39 Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi: Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.
26:40 Et il vint vers les disciples, qu'il trouva endormis, et il dit à Pierre: Vous n'avez donc pu veiller une heure avec moi!
26:41 Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; l'esprit es bien disposé, mais la chair est faible.
26:42 Il s'éloigna une seconde fois, et pria ainsi: Mon Père, s'il n'est pas possible que cette coupe s'éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite!
26:43 Il revint, et les trouva encore endormis; car leurs yeux étaient appesantis.
26:44 Il les quitta, et, s'éloignant, il pria pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles.
26:45 Puis il alla vers ses disciples, et leur dit: Vous dormez maintenant, et vous vous reposez! Voici, l'heure est proche, et le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs.
26:46 Levez-vous, allons; voici, celui qui me livre s'approche.
Le besoin de prier seul, mais avec des témoins choisis
Jésus arrive avec ses disciples au jardin de Gethsémané. Il demande à ceux-ci de rester assis pendant qu’il va prier. Mais il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, les trois disciples les plus proches, ceux qui avaient vu la transfiguration c’est-à-dire un moment de révélation divine et d’intimité particulière. Jésus cherche donc une certaine sympathie, un soutien humain dans ce moment d’extrême douleur.
Une tristesse et une angoisse profondes
Jésus, dans sa pleine humanité, ressent « une tristesse jusqu’à la mort », une angoisse extrême face à l’épreuve qui l’attend : la mort terrible, le jugement de Dieu, la séparation douloureuse. Cette émotion humaine n’enlève rien à sa sainteté, mais révèle la profondeur de son sacrifice. Il est accablé par l’horreur de la souffrance qui va venir.
La prière à son Père : l’expression d’un dilemme
Jésus prie trois fois, avec une évolution dans sa demande :
Première prière : « Si possible, que cette coupe s’éloigne de moi » un désir humain légitime de fuir la douleur.
Seconde prière : « S’il n’est pas possible que cela passe sans que je le boive » une acceptation progressive du destin.
Troisième prière : répétition, pleine soumission à la volonté divine, « que ta volonté soit faite ».
Ce triple acte montre un combat intérieur entre la nature humaine (souhaitant éviter la souffrance) et la volonté divine (accepter la mission jusqu’au bout).
Les disciples endormis : une réalité humaine et un symbole
Malgré la demande de Jésus « Veillez et priez », Pierre, Jacques et Jean s’endorment trois fois.
Cela illustre la fragilité humaine, la faiblesse physique et spirituelle même des plus proches disciples.
C’est aussi une image de notre propre difficulté à rester vigilant face à la tentation et aux épreuves, car « l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible ».
Jésus ne les blâme pas durement mais constate leur faiblesse avec tristesse.
L’isolement dans la souffrance et la prière
Jésus doit prier seul, car aucun disciple ne peut vraiment comprendre l’intensité de sa souffrance. Il fait face, seul, à l’angoisse de la mort imminente, un moment où même la prière devient un cri et une supplication.
La victoire dans l’obéissance
Malgré la tentation et la douleur, Jésus choisit d’obéir à la volonté de son Père, accomplissant ainsi la mission de salut. Il prend la coupe, non de la main de Satan, mais de celle de Dieu. Cette obéissance parfaite et aimante est la source de notre rédemption.
Le message pour les croyants aujourd’hui
Jésus montre que la foi ne supprime pas la douleur ni le combat intérieur.
Le combat entre la chair (faiblesse, peur, fatigue) et l’esprit (désir de faire la volonté de Dieu) est universel.
La prière est un refuge, un soutien, mais elle demande aussi vigilance et persévérance.
Même dans la solitude et la souffrance extrême, Jésus nous donne l’exemple d’une confiance totale en Dieu.
Et comme lui, nous sommes invités à remettre notre volonté entre les mains du Père, même si le chemin est dur.
L’espérance
Enfin, la scène se termine sur une note d’espérance : « Voici, l’heure est proche… » Jésus avance vers sa passion, pour ouvrir la voie au repos et à la vie éternelle pour tous. Son amour est plus fort que la mort.
26:47 Comme il parlait encore, voici, Judas, l'un des douze, arriva, et avec lui une foule nombreuse armée d'épées et de bâtons, envoyée par les principaux sacrificateurs et par les anciens du peuple.
26:48 Celui qui le livrait leur avait donné ce signe: Celui que je baiserai, c'est lui; saisissez-le.
26:49 Aussitôt, s'approchant de Jésus, il dit: Salut, Rabbi! Et il le baisa.
26:50 Jésus lui dit: Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le. Alors ces gens s'avancèrent, mirent la main sur Jésus, et le saisirent.
Dans cette scène bouleversante, nous assistons à la trahison la plus poignante de toute l’histoire humaine : celle de Judas, l’un des douze disciples choisis par Jésus lui-même. Judas, qui a partagé les repas, les enseignements et les moments intimes avec Jésus, se fait maintenant l’instrument de sa capture. Cette trahison révèle à la fois la fragilité humaine et la grandeur divine.
Judas arrive avec une foule armée, envoyée par les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple. Ce détail montre que ce n’est pas un acte impulsif, mais une opération soigneusement planifiée par les autorités religieuses qui voient en Jésus une menace à leur pouvoir. La violence potentielle est bien présente, symbolisée par les épées et les bâtons, prête à s’abattre sur l’innocent.
Le signe donné par Judas pour identifier Jésus est un baiser un geste d’affection et de tendresse dans la culture juive. Mais ici, ce baiser devient l’emblème cruel de la duplicité et de la trahison. Ce contraste entre le geste d’amour apparent et la réalité de la trahison est poignant : Judas dissimule son acte de perfidie derrière une façade de respect. Ce baiser, censé être un signe de proximité, révèle l’amertume d’une trahison douloureuse.
La réponse de Jésus est d’une immense grandeur spirituelle : « Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le. » Malgré la trahison, Jésus appelle Judas « mon ami », montrant ainsi un amour inébranlable et une compassion même envers celui qui le livre à ses ennemis. Jésus ne résiste pas à son arrestation ; au contraire, il accepte pleinement ce qui va arriver. Cela souligne sa soumission totale à la volonté du Père et la conscience claire qu’il accomplit un plan divin plus grand. Jésus incarne la paix et la maîtrise dans la tempête, même face à la trahison la plus profonde.
26:51 Et voici, un de ceux qui étaient avec Jésus étendit la main, et tira son épée; il frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l'oreille.
26:52 Alors Jésus lui dit: Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée.
Lorsque Judas arrive avec les soldats et les chefs religieux pour arrêter Jésus, Pierre ne supporte pas de rester sans rien faire.
Son amour pour Jésus est sincère, son geste spontané, presque héroïque aux yeux humains : il dégaine son épée pour défendre son Maître.
Mais ce geste, aussi sincère soit-il, n’est pas inspiré par l’Esprit de Dieu.
Il vient du cœur, oui… mais d’un cœur encore dominé par la peur, la précipitation et une vision humaine du combat.
Pierre aime Jésus, mais il agit selon la logique humaine, non selon les principes du Royaume.
Il veut protéger Jésus… mais Jésus n’a pas besoin d’être protégé : Il est Dieu, et tout est entre ses mains. Jésus répond avec autorité et douceur :
« Remets ton épée à sa place. Car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. » (Matthieu 26:52)
La violence engendre la violence.
Celui qui choisit l’épée la vengeance, la force ou l’agression s’expose à périr par les mêmes moyens.
26:53 Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions d'anges?
26:54 Comment donc s'accompliraient les Écritures, d'après lesquelles il doit en être ainsi?
Une légion romaine comptait environ 6 000 soldats.
Donc douze légions, c’est plus de 70 000 anges une armée céleste prête à intervenir immédiatement, sur simple demande.
Mais Jésus ne fait pas appel à cette puissance.
Pourquoi ?
Parce qu’il soumets sa volonté à celle du Père. Il choisit d’accomplir ce qui est écrit, d’obéir jusqu’à la croix, pour que le plan du salut s’accomplisse.
Pierre veut défendre Jésus… mais Jésus n’a pas besoin d’être défendu.
Il est Dieu, il règne sur toute chose, et rien ne lui échappe. C’est nous qui oublions parfois cette puissance inébranlable.
Nous réagissons avec nos pensées humaines, avec peur, précipitation, instinct…
Mais les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres (Ésaïe 55:8-9).
Jésus aurait pu écraser ses ennemis. Il a choisi de les aimer… jusqu’au bout.
26:55 En ce moment, Jésus dit à la foule: Vous êtes venus, comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour vous emparer de moi. J'étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m'avez pas saisi.
26:56 Mais tout cela est arrivé afin que les écrits des prophètes fussent accomplis. Alors tous les disciples l'abandonnèrent, et prirent la fuite.
L’arrestation de Jésus : l’accomplissement des prophètes
Jésus souligne l’hypocrisie de ceux qui viennent l’arrêter. Il leur rappelle qu’il enseignait chaque jour ouvertement dans le temple, sans jamais se cacher, et pourtant, ils n’ont rien fait. Mais maintenant, ils viennent de nuit, armés comme pour arrêter un criminel. Par ces paroles, Jésus dénonce leur injustice et leur lâcheté : ce ne sont pas ses actes qui sont ceux d’un brigand, mais leur manière d’agir, dans le secret, par peur de la foule.
Il précise ensuite que tout cela arrive pour que les écrits des prophètes soient accomplis. Autrement dit, ce n’est pas un hasard : sa trahison, son arrestation, sa souffrance tout cela fait partie du plan de Dieu annoncé depuis longtemps. Ce n’est pas une défaite, mais l’accomplissement des promesses.
À ce moment-là, les disciples prennent peur et s’enfuient. Ils ne comprennent pas encore que Jésus accepte volontairement de souffrir. Ils espéraient peut-être qu’il se défende ou fasse un miracle. Mais face aux soldats armés, leur foi vacille. Jésus leur avait pourtant annoncé qu’ils l’abandonneraient cette nuit-là. Et même s’ils le fuient, il ne les rejettera pas : après sa résurrection, il les retrouvera, les pardonnera, et les enverra porter son message au monde.
26:57 Ceux qui avaient saisi Jésus l'emmenèrent chez le souverain sacrificateur Caïphe, où les scribes et les anciens étaient assemblés.
26:58 Pierre le suivit de loin jusqu'à la cour du souverain sacrificateur, y entra, et s'assit avec les serviteurs, pour voir comment cela finirait.
26:59 Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus, suffisant pour le faire mourir.
26:60 Mais ils n'en trouvèrent point, quoique plusieurs faux témoins se fussent présentés. Enfin, il en vint deux, qui dirent:
26:61 Celui-ci a dit: Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours.
26:62 Le souverain sacrificateur se leva, et lui dit: Ne réponds-tu rien? Qu'est-ce que ces hommes déposent contre toi?
26:63 Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit: Je t'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu.
26:64 Jésus lui répondit: Tu l'as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.
26:65 Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, disant: Il a blasphémé! Qu'avons-nous encore besoin de témoins? Voici, vous venez d'entendre son blasphème. Que vous en semble?
26:66 Ils répondirent: Il mérite la mort.
26:67 Là-dessus, ils lui crachèrent au visage, et lui donnèrent des coups de poing et des soufflets en disant:
26:68 Christ, prophétise; dis-nous qui t'a frappé.
Après son arrestation, Jésus est emmené chez Caïphe, le souverain sacrificateur, c’est-à-dire le plus haut chef religieux du peuple juif. En tant que chef du sanhédrin, le tribunal religieux, Caïphe dirige le procès. Les sacrificateurs, ou prêtres, étaient responsables des sacrifices dans le Temple, mais ici, ils se réunissent pour faire condamner Jésus.
Pendant ce temps, Pierre suit Jésus de loin. Il veut savoir ce qui va se passer, mais il a peur d’être arrêté lui aussi. Son cœur est partagé entre l’amour et la peur. Les chefs religieux cherchent des faux témoins pour accuser Jésus, mais même avec des mensonges, ils n’arrivent pas à construire une vraie accusation. Finalement, deux hommes affirment qu’il a dit :
« Je peux détruire le temple et le reconstruire en trois jours. »
Mais Jésus parlait du temple de son corps, pas du bâtiment. Pourtant, les juges ne cherchent pas la vérité. Ils ont déjà décidé de le faire mourir. Alors, le souverain sacrificateur interroge Jésus directement :
« Es-tu le Christ, le Fils de Dieu ? »
Jésus répond clairement :
« Tu l’as dit. Et je vous le déclare : vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. » C’est une référence à la prophétie de Daniel 7, où le Messie glorieux reçoit tout pouvoir de Dieu. En disant cela, Jésus affirme ouvertement qu’il est le Fils de Dieu et le juge de l’humanité. Les chefs religieux considèrent cette déclaration comme un blasphème. Ils déchirent leurs vêtements en signe de colère et déclarent qu’il mérite la mort.
C’est alors que les violences commencent. Ils lui crachent au visage, le giflent, le frappent, et se moquent de lui en disant :
« Prophétise, Christ, dis-nous qui t’a frappé ! »
Ils veulent l’humilier, le ridiculiser. Mais sans le savoir, ils accomplissent les anciennes prophéties, notamment celles d’Ésaïe, qui annonçaient que le serviteur de Dieu serait rejeté, frappé, et maltraité pour nos fautes.
Ce passage montre :
l’hypocrisie des chefs religieux,
la solitude totale de Jésus,
et la grandeur de son amour : il reste silencieux, digne, et fidèle à sa mission jusqu’au bout, malgré les coups et l’injustice.
26:69 Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour. Une servante s'approcha de lui, et dit: Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen.
26:70 Mais il le nia devant tous, disant: Je ne sais ce que tu veux dire.
26:71 Comme il se dirigeait vers la porte, une autre servante le vit, et dit à ceux qui se trouvaient là; Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.
26:72 Il le nia de nouveau, avec serment: Je ne connais pas cet homme.
26:73 Peu après, ceux qui étaient là, s'étant approchés, dirent à Pierre: Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître.
26:74 Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer: Je ne connais pas cet homme. Aussitôt le coq chanta.
26:75 Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement.
Le passage de Matthieu 26:69-75 nous raconte une scène bouleversante, celle de Pierre qui renie Jésus trois fois. C’est une histoire que beaucoup connaissent, mais qui mérite d’être regardée avec attention, car elle nous parle à tous.
Pierre, l’un des disciples les plus proches de Jésus, celui qui avait juré de ne jamais l’abandonner, se retrouve assis dehors dans la cour pendant que son Maître est jugé. Une servante l’approche et dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. » Pierre, surpris ou pris de panique, répond : « Je ne sais ce que tu veux dire. » Voilà le premier reniement. Ce n’est pas violent, ce n’est pas agressif, mais c’est un premier pas vers la chute.
Quelques instants plus tard, une autre servante le reconnaît et affirme aux gens autour d’elle que lui aussi était avec Jésus de Nazareth. Cette fois, Pierre nie plus fermement, et même avec serment : « Je ne connais pas cet homme. » Le mensonge s’intensifie. Ce n’est plus seulement une esquive, c’est un rejet affirmé, une tentative de couper tout lien avec Jésus.
Enfin, d’autres personnes s’approchent, certaines remarquant son accent galiléen, et lui disent : « C’est certain, tu fais partie de ses disciples. » Alors Pierre craque complètement. Il se met à jurer, à lancer des imprécations, et répète encore : « Je ne connais pas cet homme. » À ce moment précis, le coq chante. Pierre se fige. Il se souvient des paroles que Jésus lui avait dites quelques heures plus tôt : « Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. » Et là, il comprend. Il réalise ce qu’il a fait. Il sort de la cour, incapable de rester là, et pleure amèrement.
Ce récit nous montre que la chute ne vient pas d’un coup. Elle est progressive. Elle commence parfois par une petite peur, un petit compromis, un simple évitement. Puis elle devient un mensonge affirmé, puis un rejet violent. C’est souvent ainsi que le péché agit : il entre discrètement, et si on ne l’arrête pas rapidement, il prend toute la place